Agriculture et changement climatique : du problème à la solution – Étude de cas avec Soil Capital

9 min
7 mars 2025 17:24:09
Agriculture et changement climatique : Étude de cas avec Soil Capital
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Longtemps érigée en modèle pour nourrir une population croissante, l’agriculture intensive est aujourd’hui remise en question. Accusée d’être l’une des principales sources de pollution et d’émissions de gaz à effet de serre, elle se trouve au cœur des débats environnementaux.

Pourtant, les agriculteurs en sont aussi les premières victimes, subissant de plein fouet les conséquences du changement climatique et la pression économique. Face à ces défis, un nouveau modèle émerge : Les projets de gestion des terres agricoles comme l’agriculture régénérative. Plus qu’une alternative, elle représente une opportunité pour restaurer les sols, préserver la biodiversité et rendre le secteur plus résilient. Mais cette transition est-elle réellement viable à grande échelle ?

Le secteur agricole sous surveillance : des agriculteurs accusés d’émettre trop de gaz à effet de serre

L’agriculture, responsable de 25% des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’échelle mondiale est aujourd’hui le deuxième secteur le plus polluant. Pour cause, l’héritage d’un modèle productiviste issu de la période d’après-guerre, dont l’objectif était de nourrir les populations affaiblies par la guerre, en réintroduisant notamment des protéines, influencé par le régime américain. Avec la mise en place du Plan Marshall, les agriculteurs se sont vus équipés de machines performantes, d’engrais et de pesticides, utilisés pendant les 30 Glorieuses pour augmenter massivement les rendements agricoles et établir les fondements de la Révolution Verte.  

Entre 1950 et 2000, les rendements mondiaux de céréales ont augmenté de 150% en raison de la mécanisation et de l’intensification des pratiques agricoles. En 1950, la consommation mondiale d'engrais était de 7 millions de tonnes, tandis qu'en 2020, elle a dépassé les 200 millions de tonnes. 

Le développement de ce modèle a entraîné des dysfonctionnements qui le rendent obsolète et remettent aujourd’hui en question sa permanence. L’impact carbone ne cesse d’augmenter, les émissions de gaz à effet de serre des systèmes agroalimentaires ont augmenté de 10 % entre 2000 et 2021, près de la moitié provenant des exploitations agricoles. La biodiversité est largement affectée, avec 80% des espèces terrestres menacées par les pratiques agricoles (spécialisation des terres agricoles, démembrement des haies et des mares, destruction des équilibres des sols), les forêts sont menacées avec 80% de la déforestation mondiale liée à l’agriculture, notamment pour l'expansion des terres agricoles et la culture de produits comme le soja, le cacao, et l'huile de palme. La surface agricole utilisée (SAU) en France métropolitaine est d'environ 26,7 millions d'hectares, soit près de la moitié du territoire national.

Ces pratiques engendrent également des pollutions significatives et des problèmes de santé publique, régulièrement signalés par des alertes, tout en contribuant au gaspillage alimentaire à toutes les étapes de la chaîne, de la production à la consommation.

Ainsi, le secteur agroalimentaire demeure une des principales causes des crises environnementales et sociétales actuelles, appelant une révision profonde de ses pratiques pour répondre aux enjeux de durabilité.

Pour plus d'informations sur l'agriculture régénératrice, lisez notre article dédié.

Les agriculteurs : premières victimes du changement climatique

En étant une des causes du réchauffement climatique, l’agriculture se fait aussi la première victime des dérèglements du climat. Pour chaque degré de réchauffement climatique, les rendements des principales cultures (blé, riz, maïs, soja) pourraient diminuer de 5 à 10 %, alors que les besoins augmentent. L'année 2024 a été marquée par des catastrophes climatiques majeures affectant l'agriculture française et mondiale, avec une baisse significative de la production de céréales en France de 22 % par rapport aux cinq années précédentes.

Les défis ne sont plus à compter et les agriculteurs souvent sous le feu des critiques se voient jugés responsables d’une situation dont ils subissent les conséquences. En 1950, environ 70% de la population mondiale était employée dans l'agriculture, tandis qu’en 2020, cette proportion a chuté à environ 30%. En 2021, environ 873 millions de personnes, soit 27 % de la main-d'œuvre mondiale, travaillaient dans le secteur agricole, contre 1 027 millions (40 %) en 2000.

Le secteur agricole au cœur du défi de nourrir le monde de demain

En 2025, la population mondiale est estimée à 8,1 milliards d’habitants et devrait atteindre 9,7 milliards en 2050, puis 10,4 milliards d’ici 2100, selon les Nations Unies (2023). Cette croissance démographique entraînera une augmentation de la demande alimentaire, estimée à 60-70% d'ici 2050. Cette hausse de la demande est en grande partie due à l'évolution des régimes alimentaires, avec une consommation accrue de viande et de produits transformés, particulièrement dans les pays émergents.

Actuellement, 37% des terres émergées mondiales sont utilisées pour l’agriculture, dont 77% pour l’élevage (pâturages et cultures fourragères). Cependant, la disponibilité de terres arables est en déclin, affectée par l’urbanisation, l’érosion des sols et la dégradation des écosystèmes. Bien que la production alimentaire mondiale soit suffisante pour nourrir 10 milliards de personnes, un tiers de la nourriture produite est perdu ou gaspillé chaque année, selon la FAO.

Actuellement, 37% des terres émergées mondiales sont utilisées pour l’agriculture, dont 77% pour l’élevage (pâturages et cultures fourragères). Cependant, la disponibilité de terres arables est en déclin, affectée par l’urbanisation, l’érosion des sols et la dégradation des écosystèmes. Bien que la production alimentaire mondiale soit suffisante pour nourrir 10 milliards de personnes, un tiers de la nourriture produite est perdu ou gaspillé chaque année, selon le FAO l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.

L’empreinte carbone des produits alimentaires est importante, avec environ 80 à 90% des émissions relevant du Scope 3 (émissions indirectes), notamment liées aux protéines animales. Près d’un quart de la consommation mondiale d’eau est dédiée à la production d’aliments pour le bétail, tandis qu’une proportion significative des terres agricoles est réservée à leur alimentation. A titre d’exemple, la production de 1 kg de bœuf émet entre 50 et 60kg de CO2, contre 10kg de CO2 pour la plupart des autres denrées alimentaires.

Malgré la capacité à augmenter l'offre alimentaire, plusieurs obstacles subsistent pour restructurer le secteur. L'obsession du prix empêche souvent de faire les bons choix en matière de qualité, de quantité et de localité, contribuant à une destruction de valeur. Cette dynamique rend difficile la recherche de marges suffisantes pour rémunérer les producteurs, tandis que l’agriculture occupe une part de plus en plus faible dans la création de valeur en France, au profit d’autres secteurs.

Par ailleurs, le recours à des produits bon marché illustre une rupture croissante entre l’homme et la nature, renforçant une distanciation vis-à-vis de ce que nous consommons. Le modèle agricole actuel reste difficile à transformer en raison de l'isolement des agriculteurs, du manque d’attractivité du métier, des charges économiques élevées et des faibles perspectives de renouvellement générationnel. Bien que cette profession soit essentielle, elle peine à attirer de nouvelles vocations.

Des solutions existent pour évoluer vers une agriculture plus durable et moins carbonée, mais leur mise en œuvre reste complexe face à ces nombreux défis systèmiques.

Francis pestre (agri du programme) 1Photo : Soil Capital

L’agriculture régénératrice : une des solutions au changement climatique ?

L’agriculture est à la fois fortement impactée par les effets du dérèglement climatique et représente un levier essentiel pour mettre en œuvre des solutions visant à le combattre. Parmi ces solutions, l’adoption de pratiques d’agriculture régénérative par un grand nombre d’agriculteurs constitue une réponse prometteuse.

La fertilité des sols et des écosystèmes climatiques est gravement menacée. Environ 80% des agriculteurs s’inquiètent pour la viabilité de leurs sols, mais l’innovation dans les pratiques agricoles demeure risquée et coûteuse. Pourtant, un sol en bonne santé est une clé pour restaurer les écosystèmes et assurer la résilience des exploitations agricoles.

L'agriculture régénérative repose sur des pratiques visant à restaurer la fertilité des sols tout en maintenant la productivité. Ces pratiques incluent :

  • Fertilisation organique :

Cette méthode réduit l'usage d'énergies fossiles pour la production d'engrais et améliore la capture du CO2 par les sols. En limitant ou supprimant l'utilisation de pesticides, herbicides et engrais chimiques, elle protège les espèces sensibles, comme les insectes pollinisateurs, les oiseaux et les petits mammifères. Cela favorise également le retour d’espèces endémiques ou en déclin, contribuant à la résilience des écosystèmes locaux.

  • Couvert végétal

En captant l’azote de l’atmosphère et en améliorant la circulation des nutriments, il favorise une meilleure fertilité des sols, tout en protégeant leur structure et en réduisant l’érosion.

  • Rotation et la diversification des cultures, associées à l'intégration de l’agroforesterie

Ces pratiques restaurent la biodiversité tout en réduisant le recours aux intrants chimiques. L'agroforesterie et la plantation de haies autour des champs offrent des refuges pour les oiseaux, les insectes et les mammifères. Par ailleurs, le maintien de zones humides et de bandes enherbées accroît la diversité des habitats, attirant une large gamme d’espèces.


  • Retour aux cycles naturels

En laissant certaines parties des terres reposer ou en pratiquant des rotations de cultures variées, cette approche favorise la régénération des ressources naturelles et soutient la biodiversité à long terme.

Mélange féverole_céréale  1
Photo : Soil Capital

Un sol restauré par ces pratiques, favorise un sol vivant, riche en micro-organismes, insectes et champignons. Ces derniers jouent un rôle crucial dans les cycles nutritifs et la santé globale de l'écosystème, contribuant ainsi à une meilleure fertilité du sol. Ainsi le sol stocke davantage de carbone, mais permet également une meilleure absorption de l’eau, limitant les impacts des sécheresses et des inondations. Un sol en meilleure santé favorise aussi l’amélioration de la qualité nutritionnelle des cultures et la restauration de la biodiversité, essentielle pour les écosystèmes.

Cependant, ces pratiques ne peuvent réussir qu’en plaçant l’agriculteur au centre des solutions. Les politiques de soutien à la transition doivent accompagner les agriculteurs dans l’innovation et réduire les obstacles financiers pour assurer un avenir durable à l’agriculture.

Le retour des agriculteurs au centre des solutions pour une agriculture durable : le cas de Soil Capital

Nicolas Verschuere with Thierry Baillet on his farm 1Photo : Soil Capital

Soil Capital est le premier programme européen certifié de paiement carbone, conçu pour accélérer la transition vers une agriculture régénérative. Fondée en 2013, l’entreprise a lancé son programme en 2019 et accompagne aujourd’hui plus de 1 600 agriculteurs répartis en France, au Royaume-Uni et en Belgique, couvrant une superficie d’environ 370 000 hectares

Avec une approche basée sur des échanges agronomiques transparents, Soil Capital rémunère les agriculteurs à travers la génération et la vente de crédits carbone, mais va au-delà du simple impact carbone. Le programme finance l’accélération de la transition, compense les risques perçus et apporte la reconnaissance dont les agriculterus ont longtemps manqué. L’entreprise redistribue 70 % du prix des crédits carbone vendus sous forme de paiements réguliers aux agriculteurs.

L’impact de ce modèle est significatif : plus de 4 millions d’euros ont déjà été reversés, et le programme suscite un intérêt croissant, attirant de plus en plus d’agriculteurs prêts à s’engager dans cette démarche.

Si vous avez besoin de plus d'informations pour investir dans des projets carbone crédibles, contactez-nous.

 

champignons agroforesterie  1Photo by Soil Capital

Sources:




FAQ

Pourquoi investir dans l'agriculture régénératrice (ou régénérative) ?

Les projets d'agriculture régénératrice vont bien au-delà du carbone et peuvent avoir un impact positif sur ce qui touche quotidiennement chaque être humain sur Terre, à savoir l'alimentation.

Pour plus d'informations, consultez notre article dédié à l'agriculture régénératrice.

Quels sont les principaux piliers de l'agriculture régénératrice ?

Les trois principaux piliers sont :

- la réduction des perturbations du sol (labourage/non labourage)

- l'utilisation optimale des cultures de couverture

- la réduction ou l'élimination des pesticides/engrais synthétiques.

Pour plus d'informations, consultez notre article dédié à l'agriculture régénérative.

L'agriculture régénératrice génère-t-elle des crédits d'évitement ou de séquestration du carbone ?

Les projets d'agriculture régénératrice (classés dans la catégorie des solutions fondées sur la nature) ont le potentiel unique de générer à la fois des crédits carbone d'évitement et de séquestration du carbone, grâce aux multiples facettes de leur interaction avec le cycle du carbone.

Pour plus d'informations, consultez notre article dédié à ce sujet.

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