Réduction de l’empreinte carbone : du bilan à l’action

9 min
30 sept. 2025 10:10:28
Empreinte carbone : stratégies de réduction
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Qu’il s’agisse d’un sentiment d’urgence climatique croissant ou de la volonté d’obtenir des certifications comme Ecovadis, un score CDP ou une validation SBTi, la mesure de l’empreinte carbone n’est plus une option pour les entreprises. Ces dernières années, les exigences de reporting, qu'elles soient volontaires ou obligatoires, se sont multipliées. Le changement est imminent et celles qui ne s'y préparent pas risquent non seulement un revers de leur réputation, mais aussi un impact sur leur bilan financier.

Qu'est-ce que l'empreinte carbone d'une entreprise ? 

L'empreinte carbone d'une entreprise représente le total des émissions de gaz à effet de serre (GES) qu'elle génère sur une période donnée. Ces émissions proviennent non seulement des opérations de l’entreprise, mais aussi de sa chaîne de valeur et du cycle de vie de ses produits. Pour les organiser, le GHG Protocol les divise en trois catégories :

  • Scope 1 : Il couvre les émissions directes provenant de sources détenues ou contrôlées par l'entreprise, comme le carburant brûlé par les véhicules de l'entreprise ou les chaudières.
  • Scope 2 : Il inclut les émissions indirectes liées à la production d'électricité, de vapeur, de chaleur et de froid achetés et consommés par l'entreprise.
  • Scope 3 : Il englobe toutes les autres émissions indirectes qui se produisent tout au long de la chaîne de valeur, en amont comme en aval. Il s'agit par exemple des émissions liées aux achats de matières premières, des trajets domicile-travail des employés, de l'utilisation des produits par les clients et de la gestion des déchets.

Ensemble, ces trois scopes offrent une vue complète de l'impact climatique d'une entreprise.

Comment évaluer son empreinte carbone ?

Pour calculer leur empreinte carbone, les organisations en Europe et en France suivent généralement des référentiels reconnus comme le GHG Protocol, l'ISO 14064, ou encore le Bilan Carbone® de l'ADEME, tout en s'alignant de plus en plus avec les exigences de l'ESRS dans le cadre de la CSRD. Le processus se déroule généralement en trois étapes :

  1. Identifier les sources d'émissions à travers tous les scopes pertinents (1, 2 et 3), incluant les opérations directes, la chaîne de valeur et les produits.
  2. Collecter les données d'activité, comme la consommation de carburant, l'utilisation d'électricité, le poids de matières premières achetées ou les kilomètres parcourus.
  3. Appliquer des facteurs d'émission, des coefficients standardisés qui convertissent les données d'activité en émissions de GES (par exemple, kg de CO₂ par litre de diesel). Les facteurs d'émission sont publiés par des organismes de référence tels que le GIEC, l'AIE ou des agences nationales comme l'ADEME en France.

Suivre des méthodologies standardisées garantit la transparence et soutient un reporting de durabilité précis, en conformité avec les réglementations européennes et nationales.

Pourquoi réaliser un bilan carbone ?

La réalisation d'un bilan carbone est non seulement une pratique environnementale responsable, mais aussi une obligation réglementaire dans de nombreux pays. En France, par exemple, l’Article L229-25 du Code de l'environnement impose à certaines organisations de mesurer et de rapporter leurs émissions de GES. Plus précisément, il oblige les entreprises de plus de 500 salariés (250 salariés en Outre-mer) ainsi que les établissements publics de plus de 250 agents à publier un bilan de leurs émissions et un plan de réduction. Pour les entreprises, la mise à jour de ce bilan est obligatoire tous les 3 ans, tandis que pour les administrations publiques, elle doit être effectuée tous les 4 ans.

Au-delà de la conformité, la mesure du bilan carbone apporte des bénéfices commerciaux tangibles. Elle permet aux entreprises d'identifier des opportunités d'optimisation des coûts grâce à l'efficacité énergétique, de renforcer leur éligibilité aux financements verts et d'améliorer leur image de marque auprès des parties prenantes. De plus, en quantifiant les émissions des scopes 1, 2 et 3, les entreprises peuvent prioriser les domaines à fort impact, concentrant leurs ressources sur les sources d'émissions les plus importantes et guidant des actions climatiques efficaces et mesurables. En fin de compte, la réalisation d'un bilan carbone positionne l'entreprise non seulement en conformité, mais aussi stratégiquement alignée avec la transition bas-carbone et les attentes futures du marché.

Comment réaliser un bilan carbone en entreprise ?  

Réaliser un bilan carbone demande une approche structurée pour garantir l'exactitude, la qualité et la conformité aux normes reconnues. Les entreprises peuvent s'appuyer sur des méthodologies reconnues, des outils numériques, et leur expertise interne ou externe selon leur taille, leurs ressources et leurs objectifs.

La méthodologie Bilan Carbone® de l'ADEME

En France, l'un des cadres les plus reconnus est le Bilan Carbone® de l'ADEME, une méthodologie conçue pour aider les organisations à mesurer et à réduire leurs émissions de GES. Le processus se déroule généralement en trois étapes clés :

  1. Définir les limites : établir le périmètre de l'organisation (filiales, sites, unités d'affaires), le périmètre temporel et le périmètre opérationnel (catégories 1 à 6).
  2. Collecter les données : rassembler les données d'activité comme la consommation de carburant, les distances parcourues, les volumes de matières premières ou les volumes de déchets.
  3. Calculer les émissions : appliquer les facteurs d'émission des bases de données de l'ADEME pour convertir les données d'activité en tonnes de CO₂ équivalent.

L'ADEME fournit des guides détaillés, des références sectorielles et des outils de calcul pour standardiser le processus, assurer la cohérence entre les industries et faciliter le reporting dans le cadre des obligations légales comme l'Article L229-25 du Code de l'environnement.

Accompagnement ClimateSeed

ClimateSeed combine une approche d’accompagnement avec un consultant appuyé par sa plateforme GEMS. Cet outil permet aux entreprises de calculer et d'analyser leurs émissions de GES simplement. Chaque projet de mesure de bilan carbone inclut un consultant expert dédié, un accès complet à la plateforme GEMS, une formation à la comptabilité carbone, et l’accompagnement à la définition de la stratégie de collecte de données. Au-delà de la mesure du bilan carbone, ClimateSeed aide les organisations à définir des objectifs de réduction des émissions GES alignés sur la science et à co-développer des plans de transition grâce à des ateliers avec les parties prenantes et des analyses approfondies, garantissant une stratégie de décarbonation durable et actionnable.

Actions concrètes pour réduire son empreinte carbone

Réduire le bilan carbone d'une entreprise ne se limite pas à la mesure des émissions. Cela exige également la mise en œuvre d'actions ciblées sur l'énergie, la mobilité, les achats et l'engagement des employés. Ces initiatives peuvent réduire de manière significative les émissions de GES tout en diminuant également les coûts, en offrant des opportunités d'innovation et une meilleure réputation en matière de RSE.

Optimisation énergétique des bâtiments

Les bâtiments constituent une source d'émissions présente dans toutes les entreprises, principalement liée au chauffage, à la climatisation et à l’électricité. Même si elles ne représentent souvent qu’une part limitée des émissions totales, ces émissions peuvent être réduites assez directement. La première étape consiste à réaliser un audit énergétique pour identifier les inefficacités et fixer des priorités pour optimiser les consommations. À partir de là, les entreprises peuvent réduire leurs consommations d’énergie et donc leurs émissions en améliorant l'isolation, en installant des équipements performants comme l'éclairage LED ou des systèmes de CVC modernes, ou encore en adoptant des systèmes de gestion centralisée qui suivent et optimisent la consommation d'énergie en temps réel. Ces mesures réduisent non seulement les émissions de GES de l’entreprise, mais aussi les coûts d'exploitation.

Mobilité et transports

Les politiques de mobilité d'entreprise ont également un impact sur les émissions. Les entreprises peuvent réduire leur bilan carbone en faisant la transition vers des flottes de véhicules électriques ou hybrides, en encourageant le covoiturage et la mobilité partagée, et en promouvant le télétravail et les réunions virtuelles. Les entreprises peuvent également travailler sur les émissions liées au fret en optimisant les flux de marchandises, par exemple avec une meilleure planification des itinéraires et en privilégiant les transporteurs avec des flottes de véhicules électriques ou utilisant des biocarburants.

Achats responsables et éco-conception

Ce qu'une entreprise achète — et la manière dont elle conçoit ses produits — influence fortement son impact climatique. Privilégier des fournisseurs avec un bilan carbone réduit et l'approvisionnement local, et intégrer les principes d'éco-conception tels que les matériaux recyclables et la conception modulaire, contribuent à minimiser les émissions tout au long de la chaîne d'approvisionnement et du cycle de vie des produits. Ces pratiques renforcent également la résilience et s'alignent sur la demande croissante des consommateurs pour des produits durables.

Sensibilisation et formation des employés

Un changement durable dépend également des personnes. Les programmes de formation, des défis écologiques comme la "semaine du vélo-travail" et les enquêtes d'engagement régulières aident les employés à comprendre leur rôle dans la démarche de durabilité de l’entreprise. Partager les résultats de manière transparente et célébrer les étapes clés renforce la motivation et transforme le personnel en ambassadeurs du changement, intégrant ainsi la durabilité dans le travail quotidien.

Suivi, gestion et communication des résultats

Une stratégie de réduction carbone n'est efficace que si elle est suivie dans le temps, gérée avec précision et communiquée de manière transparente. Cela garantit que les décisions stratégiques se traduisent par des progrès mesurables et que les parties prenantes reconnaissent les efforts de l'entreprise pour se décarboner.

Pour suivre les progrès, les entreprises doivent établir des indicateurs de performance (KPI) alignés sur leurs objectifs climatiques, comme les émissions de GES absolues et relatives, l'efficacité énergétique (kWh par m² ou unité produite), les indicateurs de mobilité (la part des véhicules à faibles émissions) et les indicateurs de la chaîne d'approvisionnement (le pourcentage de fournisseurs éco-certifiés). L'utilisation de tableaux de bord facilite le suivi des tendances, la comparaison entre les sites et l'ajustement des stratégies, tandis que l'intégration dans des tableaux de bord ESG plus larges assure la cohérence avec le reporting financier et opérationnel.

Au-delà du suivi interne, les organisations font face à des obligations de reporting de plus en plus nombreuses. Au sein de l’Union Européenne, la CSRD et la Taxonomie européenne exigent des informations détaillées, tandis qu'en France, l'Article L229-25 impose le reporting des émissions de GES pour certaines entités. Une communication transparente assure non seulement la conformité, mais renforce également la confiance des investisseurs, des clients, des employés et des régulateurs, tout en renforçant la crédibilité pour les financements verts, les appels d'offres ou les certifications.

Aller plus loin signifie transformer les résultats en opportunités d'engagement et de leadership. Publier des études de cas, partager les leçons apprises et célébrer les réussites peut inspirer les employés et les partenaires, tandis que contribuer à des plateformes sectorielles aide à diffuser les meilleures pratiques. En combinant des KPI robustes, un reporting transparent et une communication ouverte, les entreprises renforcent la confiance des parties prenantes et se positionnent comme des leaders en termes de durabilité.

De la prise de conscience à l’action

Le monde des affaires est à un tournant décisif. L'époque où le bilan carbone était une démarche facultative est révolue. Alors que les cadres réglementaires comme la CSRD en Europe et l'Article L229-25 en France deviennent plus stricts, et que les parties prenantes, des investisseurs aux consommateurs, exigent plus de transparence, la mesure et la gestion des émissions de GES sont devenues des aspects fondamentaux de la stratégie d'entreprise. Au-delà de la simple conformité, une évaluation complète du bilan carbone offre une feuille de route claire vers la résilience de l'entreprise. C'est la première étape pour identifier les opportunités de réduction des coûts grâce à l'efficacité énergétique, pour établir des relations plus solides dans la chaîne d'approvisionnement et pour améliorer l'image de marque dans un marché de plus en plus soucieux du climat.

Le chemin vers une économie bas-carbone n'est pas un projet ponctuel, mais un cycle continu de mesure, d'action et de communication. En s'appuyant sur des méthodologies établies comme le GHG Protocol et le Bilan Carbone® de l'ADEME, les entreprises peuvent identifier avec précision leurs sources d'émissions les plus matérielles, de leurs opérations directes (Scope 1) à l'ensemble de leur chaîne de valeur (Scope 3). Cette approche permet de créer des stratégies de réduction ciblées et à fort impact, que ce soit en optimisant l'énergie des bâtiments, en ayant recours à des transports plus durables ou en mettant en œuvre des politiques d'achats responsables. Il est également crucial de s'engager à suivre les progrès et à publier les résultats de manière transparente, ce qui renforce la confiance des parties prenantes et alimente une culture d'amélioration continue et de responsabilisation. Dans un monde marqué par l'urgence climatique, les entreprises qui relèvent ce défi de manière proactive rempliront non seulement leurs obligations, mais s'assureront aussi un avantage concurrentiel, se positionnant comme des leaders prêts à prospérer dans l'économie durable de demain.

FAQ

Comment une entreprise peut-elle réduire son empreinte carbone ?

Par des actions ciblées sur l’énergie, la mobilité, les achats et la sensibilisation.

 

Pourquoi réaliser un bilan carbone ?
Pour identifier les sources d’émissions, satisfaire les obligations légales et obtenir des financements verts.
 
Quelles sont les principales sources d’émissions d'une entreprise ?

Les émissions des scopes 1 (directes), 2 (énergie achetée) et 3 (fournisseurs, déplacements, usage).



 

Qui est concerné par l’obligation de bilan carbone ?
Les entreprises de plus de 500 salariés en métropole et de plus de 250 en outre-mer, tous les 4 ans (article L229-25).
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