La COP29, la Conférence des Parties (COP) de la CCNUCC, a rassemblé plus de 55 000 participants du monde entier pour se concentrer sur la crise climatique. La COP29 s'est tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024. Ce sommet annuel sur le climat offre aux pays l'occasion de négocier des actions climatiques, de fixer des objectifs climatiques et d'évaluer leurs progrès, de mobiliser et d'aligner le soutien financier, et, de manière générale, de trouver des accords sur des questions climatiques cruciales.
La conférence a attiré une grande diversité de participants, notamment des chefs d'État, des ministres, des négociateurs climatiques, des représentants d'organisations environnementales, des experts scientifiques et des dirigeants du secteur privé. Les attentes étaient élevées, et la conférence s'est conclue sur des résultats mitigés. Cet article met en lumière quatre enseignements clés tirés de ces deux semaines intenses.
Pour plus d'informations sur les attentes liées à la COP29, nous vous invitons à lire notre article.
Le Nouvel Objectif Collectif Quantifié pour le Financement Climatique
La COP29 a introduit un nouvel objectif mondial de financement climatique visant à mobiliser 300 milliards de dollars par an au profit des pays en développement d'ici 2035. Ce nouvel Objectif Collectif Quantifié (NCQG) pour le financement climatique a pour vocation de remplacer l'objectif annuel de 100 milliards de dollars fixé lors de la COP15. L'objectif de la COP15 avait été critiqué par le passé pour son insuffisance, ce qui a conduit le NCQG à adopter une approche davantage fondée sur les besoins, bien que des divergences subsistent.
Depuis 1992, l'UE et 23 autres pays développés sont tenus de contribuer au financement climatique, car l'histoire a montré qu'ils portent la responsabilité de la majorité des émissions de carbone. Cependant, la détermination du montant à allouer au financement climatique et la définition de son cadre restent des défis complexes. Les pays en développement affirment que, bien que ce nouvel objectif soit supérieur à celui précédemment fixé, des milliers de milliards de dollars seraient nécessaires pour leur permettre de passer à des économies plus propres. Alors que les pays en développement insistent sur le fait que les pays développés devraient assumer la responsabilité des contributions, l'accord final sur le NCQG continue de promouvoir l'idée que les contributions doivent provenir de toutes les sources, publiques et privées, afin d'atteindre l'objectif annuel plus large de 1 300 milliards de dollars d'ici 2035.
Le NCQG inclut des financements provenant de fonds publics, de prêts des banques de développement et d'investissements privés, tout en permettant également des contributions volontaires de la part des pays en développement. L'objectif annuel de 300 milliards de dollars vise à aider les pays en développement à renforcer leur résilience, à accroître l'accès à l'énergie et, de manière générale, à favoriser un développement durable, bien que l'on ait relevé un manque de détails et de considération à l'égard de la nature. Les négociateurs ont insisté sur l'importance d'établir des attentes claires et équitables pour les contributeurs, afin de garantir que leur soutien financier ait un impact tangible. Bien que cet objectif constitue un pas en avant, il pose davantage les bases d'une solution qu'il n'en constitue la réponse définitive.
Les Fonds pour les Pertes et les Préjudices
Les pays en développement ont également exigé des garanties plus solides concernant le Fonds pour les pertes et préjudices. Ce fonds, initialement convenu lors de la COP27, vise à fournir un soutien financier aux pays subissant des catastrophes induites par le climat. Le fonds a été pleinement opérationnalisé lors de la COP29 et commencera à financer des projets et à distribuer des ressources au début de 2025.
Le fonds est structuré de manière à garantir une répartition équitable des ressources, en donnant la priorité aux pays les moins avancés (PMA) et aux petits États insulaires en développement (PEID). Ce mécanisme met en lumière l'impact disproportionné et le manque de justice climatique que subissent les nations vulnérables face au changement climatique.
Cependant, les pays en développement ont critiqué le niveau des engagements financiers, le qualifiant d'insuffisant, malgré des promesses de financement de plus de 750 millions de dollars. Les négociateurs ont exploré de nouvelles sources de financement, notamment des redevances sur les exportations de combustibles fossiles ou le transport maritime international, mais les pays développés ont résisté à l'élargissement de leurs obligations financières. En conséquence, les pertes et préjudices n'ont pas été intégrés dans le NCQG.
L'Article 6
Après près d'une décennie de négociations, l'Article 6 de l'Accord de Paris a franchi des étapes significatives lors de la COP29. Les pays ont désormais rendu opérationnels deux des mécanismes de l'Article 6 : l'Article 6.2, qui concerne les échanges de crédits carbone entre pays, et l'Article 6.4, qui porte sur la création d'un marché international centralisé du carbone. Bien que le travail soit loin d'être terminé, les accords conclus représentent une avancée majeure.
Pour l'Article 6.2, la COP29 a précisé la manière dont les pays peuvent approuver les transactions de crédits carbone et comment les registres suivront ces opérations. Il a également été convenu que l'ONU ne supervisera pas la qualité des résultats environnementaux, mais que l'intégrité environnementale sera validée par des examens techniques indépendants. Cela permet de renforcer les approches bilatérales et d'apporter plus de certitude au marché. Cependant, bien que cet accord améliore la transparence et les moyens d'assurer l'intégrité environnementale, il existe toujours un risque de transactions de crédits carbone de faible intégrité, un point qui devra être surveillé de près.
Concernant l'Article 6.4, les pays ont convenu de ce mécanisme dès le premier jour de la COP29, ce qui a été salué par les pays en développement, qui devraient bénéficier de ce nouveau flux de financement carbone. Il a également été noté que ce mécanisme inclut enfin des garanties obligatoires visant à protéger à la fois l'environnement et les droits de l'homme, assurant que le consentement libre, préalable et éclairé des peuples autochtones soit requis avant la mise en œuvre d'un projet. L'organe de supervision chargé de mettre en place ce nouveau mécanisme de certification des crédits carbone (et de veiller à ce que le marché soit aligné avec la science) a reçu une liste de tâches très importante de la part des Parties pour l'année à venir, et ces Parties se sont engagées à le tenir responsable de sa mise en œuvre.
Les Nouvelles Contributions Déterminées au Niveau National
Avec l'échéance de février 2025 pour la soumission des Contributions Déterminées au Niveau National (CDN) mises à jour, les pays ont été encouragés à rendre leurs objectifs plus ambitieux. Les CDN sont soumises à la CCNUCC tous les 5 ans, ce qui signifie que les pays devront réviser leurs objectifs pour 2030 et définir de nouveaux objectifs de décarbonation et de résilience pour 2035.
Lors de la COP29, le Royaume-Uni a annoncé un engagement ambitieux visant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 81 % d'ici 2035 (par rapport aux niveaux de 1990). Le Brésil et les Émirats arabes unis ont également lancé leurs objectifs de CDN pour 2035. Cependant, ces soumissions n'ont pas mis en avant de manière claire un plan de sortie des combustibles fossiles, ce qui a suscité des interrogations.
Des incertitudes demeurent quant aux objectifs des principaux émetteurs de carbone et grandes économies comme la Chine, le Canada, l'Inde et l'Union européenne. Cependant, étant donné que la COP30 se tiendra à Belém, au Brésil, l'année prochaine, il est recommandé de combler cette lacune afin que d'autres pays en développement puissent suivre cet exemple.
Les Réflexions Finales: En Perspective de la COP30
Les résultats globaux de la COP29 ont révélé un mélange de progrès et de défis qui doivent encore être relevés. Des avancées significatives ont été réalisées en matière d'accords de financement climatique, de marchés et d'échanges de carbone et d'efforts d'adaptation au changement climatique. Cependant, il sera essentiel de demander des comptes aux nations à mesure que l'attention se portera sur la mise en œuvre de ces nouveaux accords.
Avec la nouvelle série de CDN à soumettre d'ici 2025, la COP30, qui se tiendra à Belém, au Brésil, devra fixer le cap pour renforcer l'ambition climatique et consolider les avancées réalisées lors de la COP29, afin de permettre aux nations de respecter les objectifs de l'Accord de Paris.
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