Mode et environnement : enjeux et solutions durables

10 min
22 oct. 2025 16:03:08
Quel est l'impact de la mode sur l'environnement ?
9:20

L'industrie de la mode est connue pour avoir un fort impact négatif sur l'environnement, mais nous sommes de plus en plus conscients des conséquences de ses activités sur les ressources de la planète et de la nécessité de modifier sensiblement ses mécanismes et ses modes de fonctionnement.

Comment l'industrie de la mode contribue-t-elle aux émissions de GES ?

L'industrie de la mode est responsable d'environ 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (soit plus que les émissions de tous les vols internationaux et de la navigation maritime réunis). La mode a un impact sur l'environnement en termes d'émissions de CO2 et est également responsable de 35% des microfibres plastiques rejetées dans les océans et de 20% de la pollution industrielle des eaux (1). Réduire son empreinte carbone est donc primordial pour la planète.

De la fast fashion à l’ultra fast fashion

Cet impact environnemental néfaste est multiplié par la demande de plus en plus forte de production de vêtements. Aujourd’hui, les taux de production sont plus élevés que jamais.

Ce que l'on appelle désormais la "fast fashion", c'est-à-dire la vente de vêtements de mauvaise qualité et bon marché, a stimulé la création de nouvelles collections et de nouveaux produits et a transformé le secteur au cours des vingt dernières années. Cela s'accompagne de l'utilisation de matériaux non durables et d'une quantité croissante de déchets dans les phases de production et de vente au détail, les collections étant renouvelées tous les six mois. Le résultat ? Des milliers de vêtements invendus sont détruits chaque année. 

Mais depuis peu, une nouvelle phase a émergé : l’ultra fast fashion, incarnée par des géants comme SHEIN, Temu ou Cider. Ces marques produisent des milliers de nouveaux modèles chaque jour, grâce à l’intelligence artificielle et à l’analyse des données, pour répondre instantanément aux tendances. Ce modèle exacerbe les problèmes existants : surproduction, exploitation des ressources et prolifération des déchets textiles.
Selon NielsenIQ (2023), les marques d’ultra fast fashion représentent déjà plus de 30 % du marché dans certains pays européens (2).

Résultat : des collections renouvelées en permanence, une utilisation massive de matières synthétiques non recyclables, et des millions de vêtements invendus ou jetés chaque année.

Il est devenu évident que l’industrie de la mode a besoin d’une révolution pour réduire son impact environnemental et s’aligner sur une trajectoire plus durable à long terme. De plus en plus de réglementations se mettent en place pour y faire face.

De plus en plus de réglementations se mettent en place pour y faire face. Lire notre article dédié

Qu'en est-il de l'impact environnemental des Fashion Weeks ?

La mode a toujours eu un lien étroit avec le climat. Au fil des saisons, les tendances et les produits de la mode changent également. C'est pourquoi des fashion weeks sont organisées chaque année en février pour la collection automne/hiver et en septembre pour la collection printemps/été. Cette relation inhérente entre la mode et le climat a toutefois pris une connotation négative. La mode n'évolue plus avec le climat, elle le change. 

Tout comme la production de produits de mode, les Fashion Weeks ont une empreinte carbone significative (3). L'empreinte carbone de l'événement comprend :

  • déplacements internationaux des créateurs, mannequins, acheteurs et journalistes,

  • transport et logistique des collections,

  • consommation énergétique des lieux et installations.

Une étude du Carbon Trust estime que les déplacements liés aux Fashion Weeks génèrent environ 241 000 tonnes de CO₂ par an et consomme autant d’énergie que 3 000 ans d'éclairage de la Tour Eiffel. (4)

fashion-show

 

Comment la mode peut-elle devenir plus durable ? 

Le premier aspect fondamental pour accroître la durabilité est le choix des textiles et des matériaux. L’adoption de fibres naturelles, recyclées ou à faible empreinte carbone est essentielle pour réduire les impacts lors de la production, du lavage et du recyclage.

L'industrie de la mode a trouvé trois grands moyens d'améliorer son impact sur les écosystèmes et le changement climatique.

  1. Premièrement, passer aux énergies renouvelables.

    Si les entreprises de mode intègrent au moins 60 % d'énergie renouvelable dans leurs processus, les émissions du secteur pourraient être réduites d'environ 50 %.

  2. Deuxièmement, accroître l'efficacité énergétique.

    Cela peut être fait en réduisant la consommation d'énergie pour effectuer les mêmes tâches. Par exemple, 10 000 litres d'eau sont actuellement nécessaires pour produire une seule paire de jeans (5). Cette quantité doit être réduite grâce à des pratiques d'efficacité énergétique. Des technologies de teinture ou de lavage à faible impact peuvent réduire ce chiffre drastiquement.

  3. La troisième solution consiste à aligner l'industrie de la mode sur le modèle de l'économie circulaire.

    Il convient d'utiliser de nouveaux matériaux recyclables et d'exclure tous les matériaux qui libèrent des microfibres plastiques. En outre, l'offre de vêtements doit être alignée sur la demande pour éviter la surproduction et les déchets qui en découlent. Aujourd'hui, moins de 1% des matériaux utilisés pour produire des vêtements sont recyclés. Ce pourcentage doit augmenter rapidement et la conception doit donc anticiper la réparabilité, la recyclabilité et la durabilité des produits. Aujourd’hui, bien que le marché des vêtements durables progresse, il reste encore très minoritaire. Par exemple, la taille du marché mondial de la mode durable était évaluée à environ 9,22 milliards USD en 2024, avec une projection d’atteindre 11 milliards en 2026 (6).

Pour plus d'informations sur la mode responsable, lire notre article dédié.

Comment réduire l'impact environnemental des Fashion Weeks ?

En ce qui concerne les Fashion Weeks, plusieurs mesures peuvent être prises pour accroître la durabilité. Une première solution consiste à combiner les saisons et la mode des genres en organisant une seule Fashion Week par an au lieu de deux. Une deuxième solution consiste à augmenter le nombre d'événements en ligne afin de réduire les émissions dues aux voyages.

Enfin, se servir des Fashion Weeks pour faire de la sensibilisation en matière de réchauffement climatique. Les semaines de la mode sont un excellent moyen de sensibiliser le public à l'impact environnemental de la mode. D'une part, pour encourager les marques de mode à appliquer des codes d'éthique, ce que fait la charte de l'industrie de la mode en promouvant la durabilité dans le secteur, d'autre part, pour éduquer le public sur les questions de changement climatique.

Le cadre réglementaire : l’Europe accélère la transition

L’Union européenne a lancé en 2022 la Stratégie européenne pour des textiles durables et circulaires, dont l’objectif est de rendre tous les produits textiles (7) :

  • durables, réparables et recyclables,

  • exempts de substances nocives,

  • produits dans des conditions sociales équitables.

La stratégie s’accompagne d’une lutte renforcée contre le greenwashing et d’une responsabilité élargie des producteurs (Circular Economy Action Plan, Commission européenne, 2022).

En France, la destruction des invendus est interdite depuis 2022 par l'article 35 de la loi AGEC, poussant les marques à revoir leurs stocks et leurs cycles de collection.  

Egalement, depuis le 1er octobre 2025 (8), un nouvel affichage appelé « éco-score textile » est progressivement déployé en ligne puis en magasin. Inspiré du Nutri-score alimentaire, il permet de visualiser l’impact environnemental d’un vêtement de manière simple et compréhensible.

L'importance de la mode dans notre société a ravivé la conscience des consommateurs

Alors que des solutions pour un approvisionnement plus durable se développent, il est essentiel de rappeler que la transition écologique de la mode ne repose pas uniquement sur les marques : les consommateurs jouent, eux aussi, un rôle décisif.

Véritables acteurs du changement, ils peuvent agir à leur échelle en adoptant des pratiques plus responsables. La Banque mondiale rappelle plusieurs gestes simples mais efficaces : réparer plutôt que jeter, donner ou revendre ses vêtements, privilégier la qualité à la quantité et acheter d’occasion.

Si les entreprises gaspillent encore d’importantes ressources, notamment à travers la surproduction et la destruction d’invendus, les consommateurs ne sont pas en reste : dans certains pays, jusqu’à 40 % des vêtements achetés ne sont jamais portés (Banque mondiale, 2023).

Heureusement, la sensibilisation progresse rapidement. De plus en plus de clients font pression sur leurs marques préférées pour qu’elles deviennent plus durables et qu’elles s’engagent réellement en matière d’environnement et d’éthique. Par exemple, selon le rapport « What Fuels Fashion ? (2024) » de Fashion Revolution, sur 250 grandes marques analysées, l’indice moyen de transparence climatique est de seulement 18 %, et près de 47 % des marques ne divulguent pas de cible de réduction couvrant toute leur chaîne de valeur (9).

Par ailleurs, les comportements évoluent également dans le bon sens :

    • la seconde main (via plateformes comme Vinted, Vestiaire Collective) et la location de vêtements progressent à deux chiffres chaque année,

    • la réparation, la donation et l’upcycling deviennent des réflexes courants,

    • la sensibilisation au “consommer moins mais mieux” s’impose, surtout chez les jeunes générations.

Ces changements de mentalité témoignent d’une transformation culturelle profonde : la mode n’est plus seulement une affaire de style, mais aussi de valeurs et de responsabilité.

Comment ClimateSeed peut aider les entreprises de l'industrie textile dans leur démarche environnementale ?

Chez ClimateSeed, nous accompagnons les entreprises dans l’élaboration et la mise en œuvre de leur stratégie climatique. Cela commence par la sensibilisation et la mesure de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

Nos consultants aident nos clients à réaliser leur bilan carbone grâce à notre logiciel de mesure des GES développé en interne, qui simplifie le calcul de l’empreinte carbone, quel que soit le secteur d’activité.

Nos missions auprès d’acteurs du textile nous ont permis de construire des bases de données solides et de mieux comprendre la chaîne de valeur du secteur. Nous accompagnons les entreprises dans la réduction de leurs émissions de Scope 1, 2 et surtout 3 (chaîne d’approvisionnement), et dans le soutien à des projets de séquestration carbone à fort impact, soigneusement sélectionnés par nos experts.

Si vous souhaitez plus d'informations sur nos services, n'hésitez pas à nous contacter.

Conclusion

Les marques de mode doivent désormais repenser leur impact environnemental et répondre aux attentes des consommateurs en adoptant des pratiques plus durables.

Les solutions existent déjà : matériaux responsables, production raisonnée, économie circulaire, transparence et innovation.
Mais le véritable changement viendra d’une alliance entre entreprises, créateurs et consommateurs conscients.

En changeant nos habitudes d'achat, nous pouvons tous avoir un impact positif sur la planète !

FAQ

Quels sont les principaux facteurs de l'impact environnemental de l'industrie de la mode ?
Les principaux facteurs de l'impact environnemental de l'industrie de la mode sont : 
 
  1. Utilisation de l'eau : La production textile consomme énormément d'eau, comme 10 000 litres pour un seul jean.
  2. Pollution de l'eau : Les produits chimiques utilisés dans la teinture des textiles polluent les cours d'eau.
  3. Microfibres plastiques : 35 % des microfibres plastiques dans les océans proviennent de vêtements synthétiques.
  4. Déchets textiles : La surproduction de vêtements entraîne une grande quantité de déchets non biodégradables.
  5. Matériaux non durables : L'utilisation de matériaux comme le polyester, dérivé du pétrole, accroît l'impact environnemental.
  6. Transport : Les émissions liées au transport des vêtements contribuent à l'empreinte carbone de l'industrie.
  7. Mode saisonnière : Les Fashion Weeks et les collections fréquentes augmentent la pression sur la production et la consommation.
Quel est l'impact des vêtements d'occasion sur l'industrie de la mode ?

Les vêtements d'occasion ont un impact significatif sur l'industrie de la mode en réduisant les déchets textiles et les émissions de gaz à effet de serre, tout en économisant des ressources naturelles précieuses comme l'eau et l'énergie.

En prolongeant la durée de vie des vêtements, ils soutiennent une économie circulaire et diminuent la demande de production de nouveaux articles. Cela rend la mode plus accessible et économique pour les consommateurs. De plus, la popularité croissante des vêtements d'occasion sensibilise les consommateurs aux pratiques de consommation durable, contribuant à un changement positif dans l'industrie de la mode.

Qu'est-ce-que la fast fashion et pourquoi est-elle problématique ?

La "fast fashion" est un modèle de production rapide et à bas coût de vêtements de qualité inférieure, répondant rapidement aux tendances de la mode.

Elle est problématique car elle entraîne une surproduction massive, générant des déchets textiles et une utilisation excessive de ressources non durables comme l'eau et l'énergie. Ce modèle encourage une consommation rapide et fréquente, ce qui augmente les déchets et les émissions de gaz à effet de serre.

De plus, la "fast fashion" contribue à des conditions de travail précaires dans les pays en développement où les vêtements sont souvent fabriqués.

Comment ClimateSeed accompagne les entreprises du textile dans la mesure de leur empreinte carbone ?

ClimateSeed aide les entreprises du secteur textile à mesurer leurs émissions de GES (Scopes 1, 2, 3) grâce à sa plateforme GEMS (GHG Emissions Management Software) et à son équipe de consultants experts en stratégie bas-carbone.

Ces derniers sont formés à la méthodologie Bilan Carbone® et disposent d'une forte expertise en matière d'ISO 14064, de protocole GES ou d’autres normes réglementaires nationales.

Ils peuvent accompagner les clients du secteur textile sur les différentes phases du processus : collecte, organisation, saisie et interprétation des données, co-création du plan de transition etc. 

Contactez-nous pour plus d'informations. 

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Sources:

      1. Parlement Européen  https://www.europarl.europa.eu/topics/fr/article/20201208STO93327/production-et-dechets-textiles-les-impacts-sur-l-environnement-infographies  
      2. Nielseniq https://nielseniq.com/global/fr/insights/analysis/2023/shein-zara-et-hm-zoom-sur-le-marche-et-les-tendances-de-lultra-fast-fashion/ 
      3. Ordre "Zero To Market": https://www.ordre.com/en/static/pdf/ZeroToMarket.pdf
      4. L'ADN - Fashion Week https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/etude-marketing/fashion-week-consomme-energie-tour-eiffel-3000-ans/ 
      5. France Bleu "Chiffre du jour : Il faut 1000 litres d'eau pour fabriquer un pantalon en toile jean: https://www.francebleu.fr/infos/societe/chiffre-du-jour-il-faut-10-000-litres-d-eau-pour-fabriquer-un-pantalon-en-toile-jean-1542962969 
      6. Global Growth Insights https://www.globalgrowthinsights.com/market-reports/sustainable-fashion-market-105106
      7. Stratégie de l'UE pour des textiles durables et circulaires https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/qanda_22_2015 
      8. Vêtements : ce qu’il faut savoir sur le nouvel éco-score textile. https://www.economie.gouv.fr/particuliers/mes-droits-conso/bien-consommer/vetements-ce-quil-faut-savoir-sur-le-nouvel-eco-score-textile 

      9. Fast Revolution https://www.fashionrevolution.ch/aktuelles/what-fuels-fashion-die-klimabilanz-der-modebranche-ein-kritischer-blick-auf-transparenz-und-verantwortung-kfdsk  

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