Le paquet introduit un « plafond de la chaîne de valeur » qui limite la quantité d’informations que les grandes entreprises peuvent demander à leurs partenaires plus petits, non assujettis à la CSRD. Cette mesure vise à réduire l’effet de cascade des obligations de reporting et à alléger la charge pesant sur les petites entreprises de la chaîne d’approvisionnement.
Naviguer dans le paquet omnibus de simplification de l’UE
Table of contents
1. Aperçu historique : le parcours du paquet omnibus
2. Se plonger dans les changements apportés à la CSRD : une analyse détaillée
3. Impact plus large au-delà de la CSRD : CSDDD et taxonomie de l'UE
4. Comment naviguer dans l'Omnibus : un manuel stratégique pour les leaders en durabilité
L'engagement de l'Union européenne en faveur de l'action climatique et du développement durable est inébranlable, mais il est désormais contrebalancé par une ambition claire de réduire les charges administratives et de renforcer la compétitivité des entreprises. Ce double objectif est au cœur du paquet de simplification Omnibus de l'UE, un ensemble de propositions législatives visant à affiner et à simplifier les réglementations existantes en matière de développement durable. Pour les responsables du développement durable, les professionnels de la finance et les dirigeants d'entreprise, la compréhension de ce paquet n'est pas seulement une question de conformité, c'est une nécessité stratégique.
Ce guide complet constitue un outil pratique pour vous aider à comprendre les complexités des propositions Omnibus, avec un accent particulier sur la directive relative à la publication d’informations en matière de durabilité des entreprises (CSRD). Nous explorerons le contexte historique, détaillerons les changements spécifiques et présenterons une feuille de route stratégique pour aider votre organisation à se préparer à l’avenir. En gérant ces évolutions de manière proactive, vous pouvez transformer une période de changements réglementaires en une opportunité de croissance stratégique et d’amélioration de vos performances climatiques.
Aperçu historique : le parcours du paquet omnibus
Le paquet Omnibus n'est pas apparu ex nihilo, mais est le fruit d'un effort concerté de la Commission européenne pour répondre aux commentaires des entreprises concernant la complexité et la charge administrative du cadre de durabilité de l'UE. Le processus a débuté avec l'objectif global de la Commission de réduire de 25 % les formalités administratives pour les entreprises, avec un objectif plus ambitieux de 35 % pour les petites et moyennes entreprises (PME).
Le 26 février 2025, la Commission européenne a publié le premier paquet Omnibus I, lançant ainsi un processus législatif officiel visant à modifier plusieurs directives clés en matière de durabilité. Ces propositions ont ensuite été transmises au Parlement européen et au Conseil de l'UE pour examen et négociation. Une première étape importante a été la publication, le 16 avril 2025, de la directive « Stop-the-Clock », élément clé du paquet visant à traiter immédiatement les délais de reporting CSRD. Les États membres se sont ensuite vu fixer au 31 décembre 2025 la date limite pour transposer cette directive dans leur législation nationale.
En juin 2025, le rapporteur du Parlement européen et le Conseil de l'UE avaient tous deux publié leurs positions de négociation respectives, qui comprenaient de nombreuses modifications aux propositions initiales de la Commission. Ces différentes positions ont ouvert la voie aux négociations cruciales en « trilogue », la phase finale du processus législatif au cours de laquelle les trois institutions s'efforceront de parvenir à un compromis sur le texte final du paquet.
Il est essentiel de bien comprendre ce calendrier, car il montre que le processus législatif est toujours en cours. La forme définitive du projet de loi omnibus n'est pas encore finalisée, et les détails présentés dans ce guide sont basés sur les dernières propositions et positions de négociation. Il est donc préférable de rester vigilant et flexible.
Se plonger dans les changements apportés à la CSRD : une analyse détaillée
Le cœur du paquet Omnibus réside dans les modifications proposées à la CSRD, qui visent à rendre les rapports sur la durabilité plus proportionnés, plus flexibles et plus ciblés. Ces modifications peuvent être classées en trois grandes catégories : ajustements de la portée et des délais des rapports, simplification des normes de reporting et clarifications sur les rapports relatifs à la chaîne de valeur.
Redéfinir le cadre des rapports : portée et délais
L’un des changements les plus importants proposés est la réduction significative du nombre d’entreprises tenues de publier des informations dans le cadre de la CSRD. Le paquet Omnibus suggère de relever les seuils relatifs aux effectifs et aux résultats financiers pour définir ce qui constitue une « grande entreprise ». Il est proposé de considérer comme grande entreprise une entité comptant en moyenne plus de 1 000 employés et répondant également à des critères financiers spécifiques, tels qu’un chiffre d’affaires net supérieur à 50 millions d’euros ou un total de bilan supérieur à 25 millions d’euros.
Ce changement devrait permettre d’exclure environ 80 % des entreprises du champ d’application de l’obligation de reporting au titre de la CSRD, un chiffre clé pour atteindre l’objectif du paquet législatif de réduction des charges administratives. Pour les entreprises de moins de 1 000 employés, l’Omnibus propose une norme de reporting distincte et volontaire, élaborée sur la base des travaux de l’EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group). Ce cadre volontaire est conçu pour aider les petites entreprises à répondre aux demandes de données de leurs partenaires de reporting plus importants, sans être accablées par le cadre complet de la CSRD.
Tout aussi importantes sont les propositions de report des délais de déclaration. Cette disposition dite « stop-the-clock » (suspension du délai) constitue une mesure d’allègement majeure. Les entreprises de la vague 2 (grandes entreprises de l’UE non couvertes par la NFRD) verraient leur obligation de déclaration repoussée de deux ans, de 2026 à 2028 pour l’exercice 2027. De même, les entreprises de la vague 3 (PME cotées) passeraient de 2027 à 2029 pour l’exercice 2028. Ces reports ne s’appliqueraient toutefois pas aux entreprises de la vague 1 (déjà soumises à la NFRD) ni aux entreprises de pays tiers réalisant un chiffre d’affaires significatif dans l’UE, dont les obligations restent inchangées. Cette approche échelonnée démontre que, tout en réaffirmant son engagement en faveur du reporting de durabilité, l’UE privilégie une mise en œuvre progressive et proportionnée.
Simplification des normes européennes en matière de reporting sur le développement durable
Les propositions Omnibus visent également à simplifier les normes européennes de reporting de durabilité (ESRS) elles-mêmes. Les retours des entreprises ont souligné que le cadre initial des ESRS était complexe et très détaillé, créant un défi de reporting considérable. Les propositions de la Commission, ainsi que les récents amendements dits de « quick fix », répondent directement à ces préoccupations.
L'un des changements les plus importants est la proposition de supprimer l'obligation d'élaborer et de mettre en œuvre des normes spécifiques à chaque secteur. Ce changement répond directement à la préoccupation selon laquelle les normes sectorielles introduiraient un grand nombre de nouveaux points de données, alourdissant ainsi la charge de déclaration. L'accent restera plutôt mis sur l'ESRS général, avec des clarifications et des simplifications ciblées.
The Omnibus also brings relief for companies that began reporting for the 2024 financial year (Wave 1). These companies can continue to apply certain phase-in provisions that were previously only available to smaller entities. This means they are not required to disclose certain financial effects related to topics like climate change, pollution, and biodiversity for the 2025 and 2026 financial years. This measure provides a crucial window for these early adopters to refine their reporting processes before all requirements are phased in.
Clarification des rapports et de l'assurance relatifs à la chaîne de valeur
Les propositions visent également à apporter davantage de clarté sur deux aspects essentiels du reporting de durabilité : la chaîne de valeur et l’assurance. Le paquet Omnibus introduit un « plafond de chaîne de valeur », particulièrement pertinent pour les petites entreprises. Ce plafond limite l’ampleur des informations que les grandes entités soumises à la CSRD peuvent exiger de leurs partenaires plus petits dans la chaîne de valeur, dès lors que ces derniers ne sont pas eux-mêmes soumis aux obligations de reporting de la CSRD. L’objectif est d’atténuer l’« effet cascade » du reporting, par lequel les grandes entreprises transfèrent involontairement leur charge de reporting à leurs petits fournisseurs.
En matière d'assurance, le paquet propose de supprimer la possibilité de passer d'une exigence d'assurance limitée à une exigence d'assurance raisonnable. À la place, la Commission européenne prévoit de publier d'ici 2026 des lignes directrices ciblées en matière d'assurance, qui apporteront plus de clarté et de normalisation tant pour les auditeurs que pour les entreprises déclarantes. Cette approche suggère une évolution vers un processus d'assurance plus pragmatique et normalisé.
Impact plus large au-delà de la CSRD : CSDDD et taxonomie de l'UE
Si la CSRD constitue l’axe principal du paquet Omnibus, son influence s’étend à d’autres piliers clés du cadre de durabilité de l’UE, notamment la directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité (CSDDD) et le règlement sur la taxonomie de l’UE.
Pour la CSDDD, les propositions prévoient un report d’un an de la date de première application, désormais fixée à juillet 2028. Le paquet introduit en outre une approche plus pragmatique et fondée sur les risques du devoir de vigilance. Plutôt que d’exiger des entreprises qu’elles examinent immédiatement l’intégralité de leur chaîne de valeur complexe, l’obligation de vigilance se concentrerait dans un premier temps sur les partenaires commerciaux directs. L’évaluation des chaînes de valeur indirectes ne serait nécessaire qu’en présence de preuves crédibles d’impacts négatifs. Cette approche ciblée vise à rendre le processus de vigilance plus gérable et plus efficace.
Le règlement sur la taxonomie de l’UE fait également l’objet d’une simplification. Le paquet Omnibus propose de réduire d’environ 70 % le nombre de points de données requis, allégeant ainsi la charge de reporting pour les entreprises. Un changement important réside également dans l’introduction du reporting dit de « conformité partielle », qui permet aux entreprises de démontrer leurs efforts et leurs progrès vers une conformité complète, même si elles ne remplissent pas encore tous les critères détaillés. Cela offre une flexibilité accrue et une trajectoire plus réaliste pour accompagner les entreprises dans la transition vers une économie durable.
Comment naviguer dans l’Omnibus : un manuel stratégique pour les leaders en durabilité
Les modifications législatives introduites par le paquet Omnibus, bien qu'elles visent à simplifier les choses, ne diminuent en rien l'importance de pratiques solides en matière de développement durable. Pour les responsables du développement durable et les dirigeants d'entreprise, ces changements représentent une opportunité de mettre en place une approche plus résiliente et plus stratégique de l'action climatique. Pour naviguer dans ce paysage en pleine évolution, il faut un manuel clair et tourné vers l'avenir.
Le défi des données et la solution technologique
L’un des défis les plus persistants du reporting en matière de durabilité réside dans la collecte de données de haute qualité et détaillées, en particulier pour des domaines complexes tels que les émissions de Scope 3. L’accent mis par le paquet Omnibus sur la simplification du reporting et la reconnaissance du poids que représente la chaîne de valeur mettent en évidence que la gestion des données demeure un enjeu central. Les entreprises doivent encore collecter et traiter d’importants volumes d’informations afin de rendre compte avec précision de leurs impacts environnementaux.
C'est précisément là que la technologie devient un allié essentiel. La suite logicielle GEMS de ClimateSeed est spécialement conçue pour rationaliser ce processus. Elle fournit une plateforme centralisée pour la collecte de données, les calculs automatisés et la création de rapports, vous permettant ainsi de gérer efficacement les indicateurs requis et de maintenir un niveau élevé d'intégrité des données, quelles que soient les exigences spécifiques en matière de reporting. En numérisant la gestion de vos données, vous pouvez réduire la charge de travail manuelle, améliorer la précision et libérer votre équipe afin qu'elle puisse se concentrer sur des initiatives stratégiques.
Au-delà de la conformité : une feuille de route stratégique
Le report de deux ans accordé à de nombreuses entreprises constitue un véritable sursis. Plutôt que de se limiter à repousser une échéance de conformité, les dirigeants visionnaires devraient mettre à profit cette période pour dépasser une logique purement réglementaire et élaborer une stratégie climatique globale et de long terme. Les évolutions réglementaires peuvent simplifier le « comment », mais le « pourquoi » fondamental de la durabilité demeure inchangé.
Les services de conseil spécialisés de ClimateSeed sont conçus pour vous accompagner dans l’élaboration de votre feuille de route stratégique. Nos experts travaillent à vos côtés pour comprendre vos enjeux spécifiques, définir une stratégie de décarbonation solide et intégrer l’action climatique au cœur de votre modèle d’affaires. Nous vous aidons également à naviguer dans la complexité des analyses de double matérialité, à fixer des objectifs fondés sur la science et à anticiper sereinement les évolutions réglementaires à venir.
Le rôle d’une action climatique crédible
Dans un contexte où les normes de reporting évoluent, il est plus essentiel que jamais de démontrer une action climatique concrète. Le paquet Omnibus met l’accent sur la simplification, mais l’attente vis-à-vis des entreprises de contribuer aux objectifs climatiques demeure. Une stratégie climatique crédible ne se limite pas à mesurer et réduire les émissions : elle intègre aussi la prise en compte des émissions résiduelles au travers de projets carbone de haute qualité.
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FAQs
Les propositions prévoient un report de deux ans pour de nombreuses entreprises. Les sociétés de la vague 2 (grandes entreprises de l’UE) commenceront désormais à publier leurs rapports en 2028 sur l’exercice 2027, tandis que celles de la vague 3 (PME cotées) débuteront en 2029 sur l’exercice 2028. Ces reports offrent aux entreprises davantage de temps pour se préparer et mettre en place efficacement leurs systèmes de reporting.
Non, le paquet Omnibus est un ensemble de propositions qui sont actuellement en cours d'examen dans le cadre du processus législatif de l'UE. Les règlements définitifs sont soumis à examen, à négociation dans le cadre des discussions « trilogues » et à l'approbation formelle du Parlement européen et du Conseil de l'Union européenne. Par conséquent, le résultat final peut différer des propositions initiales.
Les entreprises doivent adopter une approche proactive et stratégique. Cela implique de suivre l'évolution de la législation, de profiter des délais prolongés pour affiner les processus de collecte de données et d'exploiter des technologies telles que le logiciel GEMS de ClimateSeed pour rationaliser le reporting. Le recours à des consultants experts peut également aider à élaborer une stratégie de développement durable solide et flexible, capable de s'adapter aux éventuelles modifications réglementaires.
Le paquet Omnibus propose un ajustement majeur du périmètre de la CSRD, en abandonnant le simple critère des « deux sur trois » au profit d’un test plus complexe basé sur le nombre d’employés et des seuils financiers. Selon ces propositions, une entité basée dans l’UE sera concernée si elle compte plus de 1 000 employés et atteint l’un des deux seuils financiers suivants : soit un chiffre d’affaires net supérieur à 50 millions d’euros, soit un total de bilan supérieur à 25 millions d’euros. Cette nouvelle définition devrait exclure environ 80 % des entreprises du périmètre obligatoire de reporting. Pour les sociétés mères non européennes, le seuil minimal de chiffre d’affaires net dans l’UE serait porté à 450 millions d’euros pour relever de la directive.
Le principe de double matérialité reste la pierre angulaire de la CSRD, mais le paquet Omnibus vise à fournir des indications plus claires sur son application. L’objectif est de s’assurer que les entreprises ne reportent que les sujets réellement matériels, réduisant ainsi le surobservance et concentrant les informations sur les impacts, risques et opportunités véritablement pertinents. Les propositions Omnibus cherchent également à simplifier le processus d’évaluation de la double matérialité et à réduire le nombre de points de données « optionnels », qui étaient auparavant volontaires mais pouvaient néanmoins conduire à un reporting excessif.
Le paquet Omnibus oblige EFRAG à réviser et simplifier les ESRS. Les propositions actuelles prévoient une réduction substantielle du volume des informations à publier, avec une diminution de 57 % des points de données obligatoires et de 68 % des informations totales (y compris les données volontaires). Les normes sont également simplifiées en privilégiant les données quantitatives plutôt que de longs textes narratifs, en clarifiant le langage et en supprimant toutes les informations volontaires pour éviter toute ambiguïté. Une modification clé concerne la suppression de l’obligation d’élaborer et d’adopter des normes sectorielles, jugée comme une source majeure de complexité.
Les propositions introduisent un « plafond de la chaîne de valeur » limitant les informations que les entreprises peuvent demander à leurs partenaires. Il protège les sociétés de moins de 1 000 employés contre des demandes excessives et réduit l’« effet de cascade » du reporting, afin que la charge CSRD ne repose pas sur les plus petites entreprises. Les entreprises pourront également s’appuyer davantage sur des estimations basées sur des données secondaires (ex. moyennes sectorielles) plutôt que de collecter systématiquement des données primaires, rendant le reporting Scope 3 plus simple.
Le paquet Omnibus propose de supprimer, pour l’instant, l’obligation de passer à un niveau d’assurance raisonnable. L’exigence restera donc limitée à l’assurance limitée, ce qui réduit la charge immédiate pour les entreprises. La Commission européenne prévoit de publier d’ici 2026 des lignes directrices ciblées afin d’harmoniser le processus d’assurance limitée et d’apporter davantage de clarté aux entreprises déclarante comme aux auditeurs. La possibilité d’un passage ultérieur à l’assurance raisonnable reste ouverte, mais l’accent est mis, pour l’heure, sur la standardisation de l’assurance limitée.
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