Comment définir son budget pour une action climatique hors de sa chaîne de valeur (Beyond Value Chain) ?

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17 nov. 2025 14:07:07
Comment définir son budget pour une action climatique hors de sa chaîne de valeur (Beyond Value Chain) ?
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Dans la course mondiale vers la neutralité carbone, les entreprises sont de plus en plus appelées à adopter une stratégie climatique globale. Selon des organismes scientifiques de référence comme le Science Based Targets initiative (SBTi), l'atteinte d'objectifs de Net-Zero nécessite une double approche : réduire massivement les émissions internes et simultanément, contribuer financièrement à l'action climatique en dehors de sa chaîne de valeur.

Les trois piliers du SBTi Net-Zero Standard

Selon le SBTi’s Net-Zero Standard, trois étapes clés doivent être adressées :

  1. Réduire les émissions au sein de sa chaîne de valeur :
    Ce premier pilier implique une stratégie de réduction au niveau de l'entièreté de la chaîne de valeur. La première étape est la mesure et le calcul de l'empreinte carbone, avec la recommandation d'utiliser le GHG Protocol (Scopes 1, 2, et 3), et d'établir des objectifs de réduction à court et long terme.
  2. Faire de la contribution climatique en dehors de sa chaîne de valeur (Beyond Value Chain Mitigation - BVCM) :
    En parallèle des efforts de réduction, il est fortement recommandé d'avoir un impact positif et immédiat sur le climat. Cela se traduit par le soutien financier à des projets carbone qui évitent ou séquestrent du CO2 dans le cadre du Marché Volontaire du Carbone (VCM).
  3. Neutralisation : La neutralisation des émissions n'intervient qu'après avoir atteint 90 % de réduction des émissions. Elle correspond à la compensation des émissions résiduelles inévitables (par séquestration) afin de revendiquer le Net-Zero à l'échelle mondiale.

Voir notre guide sur la communication pour plus de détails. 

Le rôle essentiel de la BVCM

Ces actions BVCM sont essentielles. Loin d'être un substitut à la décarbonation, elles agissent en parallèle pour générer un impact positif immédiat sur le climat. L'Ecosystem Marketplace confirme d'ailleurs que les entreprises investissant dans ces crédits sont souvent les leaders de la décarbonation, plus susceptibles de fixer des objectifs basés sur la science et de réduire leurs émissions.

La question centrale devient alors : comment déterminer le montant à allouer à ces contributions BVCM ?

 

L'approche portefeuille : Une plus-value stratégique 

Avant de fixer un budget, l'approche doit être qualitative. Pour maximiser l'efficacité de la contribution BVCM, l'approche portefeuille s'impose comme la méthode la plus stratégique. Cette stratégie permet de :

  • Cibler géographiquement les investissements afin d’avoir un impact pertinent et aligné avec la stratégie du groupe.
  • Maximiser l'impact en soutenant simultanément des actions d'évitement et de séquestration de carbone grâce au soutien de différentes typologies de projets.
  • Prioriser les projets qui génèrent des co-bénéfices mesurables et font progresser les Objectifs de Développement Durable (ODD) bien au-delà de la seule réduction.
  • Réduire les risques en diversifiant les projets soutenus. À noter que ClimateSeed suit un processus rigoureux de sélection de projets, contactez un expert pour en savoir plus. 

L'approche portefeuille revêt donc également, en plus de tous les points mentionnés, un atout budgétaire. En effet, cette approche permet de s'assurer du soutien de plusieurs projets ambitieux aux impacts variés tout en respectant un budget défini. Ceci étant dit, elle impose donc de définir un budget annuel et/ou pluriannuel afin de soutenir l’action immédiate et idéalement l’investissement sur le long terme dans ces solutions.

Pour plus d'informations sur les différentes options de financement des crédits carbone, veuillez consulter notre blog.


Le trois approches de budgétisation BVCM selon le SBTi

Pour traduire cette intention stratégique en chiffres, le SBTi reconnaît trois grandes approches pour déterminer l'engagement financier BVCM. Elles offrent chacune des avantages et des inconvénients selon la maturité climatique et la capacité financière de l'entreprise :

  1. Tonne-for-Tonne (Tonne pour Tonne)

    Cette méthode est la plus simple en termes de calcul. Elle consiste à faire correspondre chaque tonne de CO₂ émise avec une tonne de CO₂ réduite ou séquestrée par l'achat de crédits carbone. L’avantage majeur est qu’elle avance une crédibilité climatique maximale. Cependant, elle exclut toutes les données hors carbone et réduit donc l’action climatique à une donnée chiffrée. De plus, elle est très coûteuse pour les entreprises dont les émissions résiduelles (non encore réduites) sont importantes. Le budget étant directement lié aux émissions résiduelles et non à un montant fixe. Une émission résiduelle de 100 tonnes implique l'achat de 100 crédits. Elle pousse donc les acteurs à soutenir des projets dont le prix unitaire est faible, ce qui traduit parfois (même si ce n'est pas forcément) leur manque de qualité et empêche le soutien à des projets plus innovants dont le prix est souvent plus élevé. 

  2. Money-for-Tonne (Argent pour Tonne)

    Cette approche définit un coût fixe à allouer par tonne de CO2 émise (par exemple, 10 € par tCO2e). L'entreprise dépense un montant basé sur son niveau d'émissions, en appliquant un prix unitaire prédéfini. L’avantage réside dans sa prévisibilité budgétaire. De plus, c'est une approche privilégiée, car elle est davantage liée à l'idée de contribution carbone qu'à la simple compensation. Elle permet souvent l'achat de crédits de meilleure qualité (et plus chers) sans être contrainte par le volume exact des émissions. Mais elle peut entraîner un sous-financement si les prix des crédits (notamment ceux de haute qualité) augmentent.

  3. Money-for-Money (Argent pour Argent) 

    Cette méthode est la plus flexible : l'entreprise met de côté une somme d'argent fixe, souvent définie comme un pourcentage du chiffre d'affaires, des bénéfices, ou des coûts d'investissement. L'engagement financier est déconnecté du volume d'émissions. Cette approche est évolutive et flexible, elle est idéale pour les entreprises qui souhaitent un engagement stable et facile à intégrer dans leur planification financière, mais qui doivent veiller à ce que l'impact de ce montant soit toujours maximal. Cependant aucun alignement n’est garanti avec le volume réel d'émissions, ce qui peut ralentir la décarbonation des entreprises dans leur chaîne de valeur. 

Chez ClimateSeed, nous recommandons l'approche portefeuille, idéalement combinée à la méthode Money-for-Tonne. Cette combinaison stratégique offre plusieurs avantages. Elle permet à l'entreprise de définir un montant de dépense basé sur son niveau d'émissions tout en maintenant une prévisibilité budgétaire. L'approche portefeuille permet d'assurer la diversification des projets soutenus en termes d'impacts, de typologies et de géographies, tout en restant dans l'enveloppe budgétaire définie.

En effet, la diversification permet d'équilibrer les coûts unitaires. Le soutien à un projet de biochar en Europe, par exemple, dont le prix unitaire serait supérieur à 150 €, peut être contrebalancé par le soutien à un projet de cuisson propre en Afrique, où le coût de la tonne équivalent CO2 se rapproche davantage de 7 €.

Pour plus d'informations sur les raisons pour lesquelles la création d'un portefeuille de projets carbone améliore votre contribution à la lutte contre le changement climatique, veuillez consulter notre blog.

Conclusion

L'action climatique hors chaîne de valeur n'est plus une option, mais un pilier fondamental de la stratégie Net-Zero. Le choix de la méthode de budgétisation — Tonne-for-Tonne, Money-for-Tonne, ou Money-for-Money — dépendra de l'équilibre recherché entre la prévisibilité budgétaire et la crédibilité climatique de l'entreprise.

Quel que soit le modèle retenu, l'intégration d'une approche portefeuille et d'un engagement pluriannuel est cruciale pour assurer que la contribution financière se traduise par un impact réel, durable et aligné sur les objectifs de l'entreprise et les besoins urgents du climat.

Pour plus d'informations sur les raisons pour lesquelles les crédits carbone à haute intégrité redéfinissent les contributions climatiques, veuillez consulter notre blog.  

Sources:

  1. Science Based Targets

  2. Science Based Targets - Net Zero Standard

  3. GHG Protocol 

FAQs

Quelles sont les différentes options de financement pour les crédits carbone ?

Pour participer efficacement au marché volontaire du carbone, il est essentiel de comprendre les principaux modes de financement disponibles, notamment les crédits au comptant, les achats à terme, les accords pluriannuels et le financement direct de projets.

Pour plus d'informations, veuillez consulter notre blog.

Pourquoi la création d'un portefeuille de projets carbone renforce-t-elle votre contribution à la lutte contre le changement climatique ?

L'achat de crédits carbone doit s'inscrire dans une démarche globale, rigoureuse et cohérente, en phase avec la stratégie climatique de l'organisation. Avant de constituer un portefeuille de projets carbone, il est essentiel d'avoir une vision claire de votre stratégie de développement durable et de définir des objectifs climatiques précis.

Pour plus d'informations, consultez notre blog.

 

Pourquoi les crédits carbone à haute intégrité redéfinissent-ils les contributions climatiques ?

Les gouvernements, les entreprises et les investisseurs exigent davantage de responsabilité, de transparence et d'intégrité dans la génération et l'utilisation des crédits carbone. Le prochain chapitre de la transition écologique dépend d'une seule chose : le passage à des crédits carbone hautement intégres, conformes aux normes internationales, offrant des avantages connexes mesurables et renforçant les stratégies climatiques à long terme.

Pour plus d'informations, veuillez consulter notre blog.

 

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