Comment mon entreprise peut-elle aider à préserver les océans ?
5 actions concrètes que les entreprises peuvent mettre en place pour préserver l’océan et ses écosystèmes
Alors que l’océan recouvre 71 % de la surface de notre planète, il demeure largement sous-estimé dans les politiques de transition écologique. Pourtant, en France comme à l’échelle mondiale, la prise de conscience de la nécessité de sa préservation progresse rapidement. Essentiel à la vie sur Terre, l’océan produit une grande partie de l’oxygène que nous respirons, régule le climat et absorbe une part importante des émissions de CO₂ d’origine humaine.
En 2025, l’océan revient au premier plan des priorités mondiales, porté par plusieurs échéances majeures. L’« Année de la Mer 2025 », désormais officiellement lancée, prévoit de nombreux événements sur l’ensemble du territoire pour mobiliser la société civile. Les 30 et 31 mars, Paris a accueilli SOS Océan, un rassemblement international réunissant scientifiques, ONG et décideurs. Du 9 au 13 juin, la ville de Nice accueillera la 3e Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC-3), co-organisée par la France et le Costa Rica.
À l’occasion de SOS Océan, le Président de la République a présenté huit priorités clés pour la stratégie française de protection de l’océan. Ces engagements concernent l’ensemble des acteurs, et en particulier les entreprises, dont l’impact et le pouvoir d’action sont déterminants dans cette transformation.
Parmi les mesures annoncées : protéger 30 % de l’océan d’ici 2030 (dont 12 à 15 % d’ici 2025), mettre fin à la pollution plastique, promouvoir une pêche durable, décarboner le transport maritime, soutenir les zones côtières vulnérables, financer une économie bleue durable, ratifier le traité sur la haute mer, et investir dans la science et la recherche pour fonder l’action sur des données fiables.
Dans cet article, nous mettons en lumière cinq actions concrètes que les entreprises peuvent engager dès aujourd’hui.
- Réduire les déchets plastiques
- Décarboner le secteur maritime ou la chaîne d’approvisionnement de votre entreprise
- Soutenir des projets de carbone bleu (comme la restauration des mangroves et des herbiers marins)
- Contribuer à la préservation de la biodiversité en achetant des crédits biodiversité dédiés
- Agir localement et mobiliser vos équipes
Pour en savoir plus sur le rôle des mangroves, consultez notre article.
Réduire les déchets plastiques
Chaque année, 460 millions de tonnes de déchets plastiques sont produites, polluant aussi bien les milieux terrestres que marins. Une part significative finit par se retrouver dans l’océan : l’équivalent d’un camion de plastique y est déversé chaque minute, et les déchets plastiques représentent 85 % de la pollution marine.
Aujourd’hui, 81 % des produits plastiques deviennent des déchets en moins d’un an. Seuls 9 % sont recyclés, 20 % incinérés, environ 50 % enfouis, et plus de 20 % abandonnés dans la nature. L’urgence d’agir est manifeste.
Il est donc urgent que les entreprises agissent. Elles peuvent commencer par remplacer les plastiques à usage unique par des alternatives durables, comme des matériaux biodégradables ou compostables : papier recyclé, bioplastiques d’origine végétale, bambou ou carton. Ces matériaux se dégradent plus facilement dans l’environnement et ne contribuent pas à l’accumulation de plastique dans les océans.
Les entreprises peuvent également promouvoir les produits réutilisables, en encourageant l’usage de bouteilles d’eau rechargeables, sacs en tissu, boîtes-repas ou pailles en inox afin de limiter la consommation à usage unique.
Enfin, elles peuvent s’engager en achetant ou générant des crédits plastiques. À l’image des crédits carbone, les crédits plastiques sont un mécanisme basé sur le marché visant à inciter et à suivre la réduction et la collecte des déchets plastiques. Un crédit équivaut à une tonne de plastique collectée ou recyclée, selon le type de crédit. l existe deux types de crédits plastiques certifiés : les Waste Collection Credits (WCC) pour la collecte, et les Waste Recycling Credits (WRC) pour le recyclage effectif.
Décarboner le secteur maritime de la chaîne d’approvisionnement de votre entreprise
Selon l’Organisation maritime internationale (OMI), le transport maritime représente près de 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La feuille de route française pour la décarbonation du maritime, issue de la loi n°2021-1104 du 22 août 2021 (article 301), constitue un cadre de référence pour les acteurs du secteur. Elle prévoit le développement de navires zéro émission, l’amélioration de l’efficacité énergétique, la production et distribution d’énergies décarbonées, ainsi que la transformation des ports en hubs énergétiques durables.
Pour les entreprises, il est essentiel d’adopter une approche fondée sur la science afin de mesurer et réduire leur empreinte environnementale. Cela implique :
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Limiter l’exploitation d’espèces marines et la destruction des écosystèmes, en développant des alternatives comme des cosmétiques sans huiles de poisson (ex. : Typology) ou des crèmes solaires respectueuses des récifs, à l’image de La Rosée, sans substances nocives comme l’oxybenzone ou l’octinoxate.
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Favoriser des fournisseurs engagés dans un commerce durable et des pratiques de pêche responsables, certifiés par des labels de confiance comme FSC, Fair Trade, Ecocert ou ISO 14001.
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Réduire l’empreinte logistique, via des modes de transport bas carbone (ex. : cargo à voile WindCoop) ou en optimisant les itinéraires et le remplissage des cargaisons.
Pour en savoir plus sur les politiques et initiatives de conservation du carbone bleu, consultez notre article dédié.
Soutenir les projets de carbone bleu
En parallèle de ces actions, les entreprises peuvent également agir au-delà de leur chaîne de valeur en soutenant des projets carbone, en particulier des initiatives de carbone bleu. La contribution carbone constitue un levier d’action complémentaire, et le soutien à des projets de carbone bleu peut s’avérer particulièrement efficace pour préserver l’océan. Découvrez ici un aperçu de plusieurs projets de restauration de mangroves que nous avons récemment visités au Mexique.
L’océan absorbe près de 30 % du CO₂ émis par les activités humaines, ce qui en fait l’un des puits de carbone les plus puissants de la planète. Toutefois, le réchauffement climatique et l’augmentation des émissions entraînent une hausse de la température et de l’acidification des océans de 30 % en 250 ans, réduisant leur capacité d’absorption du CO₂. Cette acidification fragilise les écosystèmes marins, avec des conséquences directes sur la biodiversité et les communautés côtières. Restaurer ce puits de carbone naturel est donc essentiel. C’est précisément l’objectif des projets de restauration de mangroves et d’herbiers marins, capables de stocker jusqu’à quatre fois plus de carbone que les forêts terrestres.
Les mangroves jouent un rôle fondamental : elles capturent le carbone dans leurs racines et leur sol, protègent les littoraux contre les tempêtes, filtrent les polluants et offrent un habitat à de nombreuses espèces marines. Leur restauration repose souvent sur l’implication des communautés locales.
ClimateSeed soutient le premier projet de carbone bleu certifié au Mexique, qui permet de préserver 700 hectares de mangroves, contribuant à la fois à la conservation de la biodiversité et à l’économie locale. Pour en savoir plus sur le lien entre carbone bleu et ODD, consultez notre article dédié.
Les herbiers marins séquestrent le carbone dans les sédiments et abritent une biodiversité exceptionnelle. Leur restauration renforce la résilience des écosystèmes marins.
À Venise, un projet soutenu par ClimateSeed combine aquaculture traditionnelle et gestion des eaux saumâtres pour stimuler la croissance des algues, réduire l’anoxie et augmenter la captation de CO₂.
Les herbiers marins, quant à eux, piègent le carbone dans les sédiments qu’ils stabilisent, tout en améliorant la qualité de l’eau et en soutenant une grande diversité d’espèces. Leur restauration favorise la biodiversité, améliore la séquestration du carbone et renforce la résilience des écosystèmes marins.
Dans le nord de la lagune de Venise, un autre projet soutenu par ClimateSeed associe aquaculture traditionnelle et gestion des eaux saumâtres (mélange d’eau douce et salée) pour stimuler la croissance des algues, réduire l’anoxie (manque d’oxygène) et améliorer l’absorption du CO₂.
Contribuer à la préservation de la biodiversité en achetant des crédits biodiversité dédiés
Les entreprises peuvent intégrer la biodiversité, et en particulier la biodiversité marine, au cœur de leur stratégie de contribution.
Tandis que certains projets carbone valorisent des co-bénéfices en biodiversité, les crédits biodiversité en font leur objectif central. Ces mécanismes financent des projets visant à préserver, restaurer ou renforcer les habitats naturels.
Conçus pour préserver, restaurer et valoriser la diversité des espèces et des écosystèmes, ces crédits financent des projets dont l’objectif principal est la protection, la restauration ou l’amélioration des habitats naturels.
Contrairement aux crédits carbone, les crédits biodiversité mesurent directement l’impact écologique : nombre d’espèces protégées, surface restaurée, connectivité des habitats, etc. Fonctionnant selon un modèle similaire aux crédits carbone, les crédits biodiversité sont encore émergents et peu répandus.
Dans le contexte de la biodiversité marine, des travaux sont en cours pour développer des modèles de crédits spécifiquement dédiés à la restauration des récifs coralliens. Ces récifs, qui abritent 25 % de la biodiversité marine, comptent parmi les écosystèmes les plus menacés au monde. Leur protection et leur restauration nécessitent des approches spécifiques, inspirées des cadres des projets carbone, mais adaptées aux particularités des écosystèmes marins.
Agir localement et mobiliser vos équipes
Pour qu’un engagement environnemental soit efficace, il doit s’incarner à tous les niveaux de l’organisation, et en particulier sur le terrain.
Au-delà des décisions stratégiques, la mobilisation locale des collaborateurs est essentielle : campagnes de sensibilisation, ateliers pédagogiques, opérations de nettoyage avec des associations comme Surf Rider Foundation ou Clean My Calanques. Ces actions renforcent la culture interne et l’adhésion aux enjeux écologiques.
Intégrer la préservation des océans aux politiques de mécénat ou de RSE permet de soutenir les acteurs de terrain déjà engagés, mais aussi de donner du sens aux engagements de l’entreprise, en adoptant une approche plus systémique. Cela implique également de faire évoluer les relations avec les parties prenantes : impliquer clients, fournisseurs et partenaires dans une stratégie de transition collective. Enfin, communiquer de manière transparente sur ces actions valorise l’engagement de l’entreprise tout en embarquant l’ensemble de son écosystème dans une dynamique collective et positive.
Sources:
- Surf Rider
- Mer Gouv
- Mer Gouv - Conference
- Mer Gouv - Marine Protection
- Ecologie
- Mer Gouv - Decarbonisation
- Mer Gouv - Protection of Biodiversity
- Agriculture for Transition
FAQ
L’ODD 14 porte sur la préservation des océans et de la vie marine, essentiels à la santé de la planète et de nos sociétés. Les océans abritent d’innombrables espèces, mais jouent aussi un rôle clé dans la régulation du climat, le commerce mondial, ainsi que l’alimentation et les moyens de subsistance de millions de personnes.
Pour en savoir plus, consultez notre article : ODD 14 – Vie aquatique : pourquoi les entreprises doivent s’y intéresser.
La Conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC) est l’une des plateformes les plus importantes au monde pour traiter de la santé de nos océans. Face à l’intensification des menaces – montée du niveau de la mer, pollution plastique, acidification , l’UNOC réunit gouvernements, entreprises, scientifiques, communautés autochtones et société civile pour soutenir des solutions concrètes.
Pour en savoir plus, consultez notre article : Que peut-on attendre de l’UNOC 2025 à Nice ?
Il existe différents types de politiques et d’initiatives de conservation liées au carbone bleu, notamment : la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la Convention sur la diversité biologique, et bien d’autres.
Pour en savoir plus, consultez notre article : Politiques et initiatives de conservation du carbone bleu.
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