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Tendances RSE & tendances carbone : ce qui nous attend en 2025

Rédigé par ClimateSeed | 24 janv. 2025 10:32:38

La lutte contre le changement climatique est aujourd’hui un enjeu central pour l’ensemble des acteurs économiques, poussant les entreprises à revoir leurs pratiques pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. En plus d’être une nécessité environnementale, cette transition représente une opportunité économique majeure : elle permet d’innover, d’améliorer sa compétitivité et de répondre aux attentes croissantes des consommateurs et des investisseurs. La transition écologique continue de s’accélérer, et l’année 2025 s’annonce comme un tournant décisif pour les entreprises engagées dans la décarbonation et l’utilisation de crédits carbone. Cet article détaille les grandes tendances à surveiller et offre des pistes concrètes pour les entreprises souhaitant se préparer efficacement à ces changements.

Vers une réglementation renforcée

Les politiques climatiques internationales continuent de se durcir, avec l’Union européenne en tête de file grâce à son ambition de neutralité carbone d’ici 2050. Une des mesures phares de cette transition est l’extension imminente du Système d’échange de quotas d’émissions (ETS) à des secteurs jusqu’alors non couverts, notamment le bâtiment, le transport routier et le chauffage. Cet élargissement, inscrit dans le cadre du Green Deal européen, impose aux entreprises de ces secteurs de repenser en profondeur leurs stratégies de décarbonation. En internalisant progressivement le coût des émissions, le dispositif vise à accélérer la transformation des modèles économiques vers des solutions plus durables et moins polluantes.

En parallèle, la directive européenne sur la publication d’informations extra-financières (CSRD, Corporate Sustainability Reporting Directive) introduit une nouvelle ère de transparence et de responsabilité pour les entreprises. En vertu de cette réglementation, les organisations doivent désormais publier des rapports de durabilité rigoureux et conformes aux normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards). Ces exigences harmonisées entendent limiter les pratiques de greenwashing tout en offrant aux parties prenantes, notamment aux investisseurs, des données comparables et fiables sur les performances climatiques et sociales des entreprises. Cette initiative vise également à intégrer les enjeux environnementaux au cœur des stratégies économiques, favorisant ainsi une transition systémique.

Enfin, l’introduction du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM, Carbon Border Adjustment Mechanism) vient compléter ce cadre réglementaire. Ce dispositif innovant, qui impose une taxe carbone sur les importations de produits à forte intensité d’émissions, comme l’acier, le ciment ou les engrais, constitue une réponse directe au risque de fuite de carbone. En instaurant des conditions de concurrence équitables entre les entreprises européennes soumises à des réglementations climatiques strictes et leurs concurrents internationaux, le CBAM s’impose comme un levier stratégique. Par ailleurs, en incitant les pays exportateurs à réduire l’intensité carbone de leurs produits, ce mécanisme promeut l’adoption de pratiques industrielles durables à l’échelle mondiale. Il souligne ainsi le rôle précurseur de l’Union européenne dans la gouvernance climatique globale.

Ce triptyque réglementaire – extension de l’ETS, mise en œuvre de la CSRD et déploiement du CBAM – reflète la volonté de l’Europe d’imposer des standards ambitieux pour atteindre ses objectifs climatiques. Ces mesures témoignent de la nécessité d’un alignement entre politiques nationales, régulations transfrontalières et efforts internationaux pour faire face à l’urgence climatique.

En complément des régulations européennes, l’initiative Science Based Targets (SBTi) prévoit, en 2025, de réviser sa norme Corporate Net-Zero afin d’accélérer la transition vers l’objectif de zéro émission nette. Cette évolution représente un enjeu stratégique majeur pour les entreprises : celles qui tardent à définir des objectifs clairs en attendant la mise à jour des directives risquent de prendre du retard, tandis que celles ayant déjà fixé des objectifs de réduction des émissions (SBT) et mis en place un plan de transition climatique solide seront mieux préparées pour se conformer aux nouvelles exigences. Cette révision devrait renforcer l’évaluation des engagements et des plans d’action, augmentant ainsi les attentes en matière de préparation et d’adaptabilité face aux défis climatiques.

Parallèlement, l’ISO travaille sur une nouvelle norme Net-Zero, dont le lancement est prévu lors de la COP 30. Développée en collaboration avec des entreprises, des chercheurs et des organisations environnementales telles que le GHG Protocol et le SBTi, cette norme met l’accent sur l’économie circulaire et les stratégies de réduction des émissions, tout en imposant des critères stricts concernant l’utilisation de la compensation carbone. En 2025, une consultation publique sera ouverte afin de permettre aux organisations de tous secteurs et de toutes tailles d’examiner et d’ajuster les exigences définies par la norme.

Quelles questions se poser dès aujourd’hui pour rester leader RSE en 2025 ?

Les entreprises qui souhaitent demeurer des leaders dans le domaine de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) en 2025 doivent anticiper les évolutions réglementaires et sociétales en cours. Afin de se préparer efficacement à ces défis, il est nécessaire de se poser une série de questions stratégiques et méthodologiques pour aligner les pratiques de durabilité avec les impératifs de performance économique et environnementale. Ces interrogations doivent permettre de structurer une approche intégrée et proactive de la transition écologique.

L'essor des crédits carbone, des projets alignés sur les enjeux sectoriels au sein et au delà de la chaîne de valeur

Les crédits carbone locaux représentent des unités correspondant à une tonne de CO₂ évitée ou séquestrée grâce à des projets menés dans une zone géographique spécifique, souvent à l'échelle nationale ou régionale. Ces initiatives permettent aux entreprises et aux collectivités de compenser leurs émissions en finançant des actions proches de leur lieu d'activité, renforçant ainsi l'impact positif sur les communautés locales. Par exemple, en France, le Label Bas-Carbone certifie des projets nationaux, favorisant une logique de proximité géographique et s'inscrivant dans une stratégie territoriale. Cette approche facilite également la traçabilité des crédits et assure une meilleure transparence des actions entreprises. Cependant, il est important de noter que les crédits carbone locaux peuvent être plus coûteux que les crédits internationaux. Selon une analyse de ReSoil, le prix moyen d’un crédit émis par le Label Bas-Carbone est au minimum cinq fois plus élevé que celui de ses concurrents internationaux, en raison des coûts de mise en œuvre et de certification plus élevés en France. 

En parallèle, les entreprises cherchent de plus en plus à aligner leurs achats de crédits carbone avec leur secteur d'activité, sans nécessairement recourir à l'insetting, qui implique des projets directement intégrés dans leur propre chaîne de valeur. Cette démarche consiste à financer des projets de compensation carbone pertinents pour leur secteur, même s'ils sont externes à leur chaîne de valeur directe. Par exemple, une entreprise du secteur agroalimentaire peut choisir de financer des projets de reforestation ou de pratiques agricoles durables, contribuant ainsi à la réduction des émissions dans son domaine d'activité. Cette stratégie permet aux entreprises de soutenir des initiatives cohérentes avec leur impact environnemental spécifique, tout en diversifiant leurs actions de compensation. Selon l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE), cette approche reflète une tendance où les entreprises privilégient des projets de compensation en adéquation avec leur secteur, renforçant ainsi la crédibilité et l'efficacité de leurs engagements climatiques. 

En conclusion, l'essor des crédits carbone locaux et des initiatives sectorielles adaptées au secteur d'activité des entreprises témoigne d'une volonté accrue de ces dernières de s'engager dans des actions de compensation plus transparentes, traçables et alignées sur leur impact environnemental spécifique. Toutefois, il est essentiel de considérer les implications économiques de ces choix, notamment en termes de coûts potentiellement plus élevés pour les crédits locaux, afin de garantir une stratégie de compensation carbone efficace et durable.

Engagement des parties prenantes dans sa stratégie durable

Pour réussir leur transition vers une stratégie durable, les entreprises devront intensifier leur dialogue avec les parties prenantes, notamment les investisseurs, les clients, les fournisseurs et les employés. En 2025, l’engagement des parties prenantes deviendra un élément essentiel de la RSE, garantissant la cohérence des actions mises en place et renforçant la crédibilité des entreprises.

Dans ce contexte, la notion de double matérialité occupe une place centrale. Elle exige des entreprises de considérer à la fois l’impact de leurs activités sur l’environnement et la société (matérialité environnementale et sociale) et l’influence de ces enjeux sur leur propre performance économique et financière (matérialité financière). Cette double perspective permet d’adopter une approche plus complète, où les attentes des parties prenantes et les risques systémiques sont intégrés dans les décisions stratégiques.

Ainsi, pour renforcer cet engagement, les entreprises pourraient créer des comités consultatifs composés de représentants des principales parties prenantes afin d’évaluer les impacts de leurs activités et d’identifier les opportunités d’amélioration. De même, l’organisation d’ateliers collaboratifs permettrait de recueillir des perspectives diversifiées et de définir des priorités alignées sur la double matérialité. Cette approche proactive contribuerait à renforcer la transparence et à éviter le greenwashing, tout en construisant une relation de confiance avec les parties prenantes.

Identification des principaux postes d'émission et des risques climatiques

Avant même de déterminer comment réduire les émissions, une analyse approfondie des principaux postes d'émission de l'entreprise s'avère indispensable. Cette étape consiste à cartographier et quantifier les sources directes et indirectes d'émissions de CO₂ et autres gaz à effet de serre dans l'ensemble de la chaîne de valeur. Selon le Protocole des Gaz à Effet de Serre (GHG Protocol), cette évaluation doit englober les émissions de scope 1 (directes), scope 2 (indirectes liées à l'énergie achetée) et scope 3 (émissions indirectes provenant des activités de la chaîne d'approvisionnement et des produits finis) (WRI & WBCSD, 2004). Une fois ces postes identifiés, il est également crucial d'intégrer les risques climatiques dans la réflexion stratégique. Ces risques, qu'ils soient physiques (perturbations liées aux phénomènes climatiques extrêmes) ou transitoires (liés aux évolutions réglementaires et aux marchés), peuvent affecter de manière significative la résilience et la performance à long terme de l’entreprise (TCFD, 2017). La cartographie des risques climatiques permettra ainsi de prendre des décisions éclairées sur la stratégie d'adaptation et de mitigation.

Accès aux données nécessaires à la réalisation de l'empreinte carbone

Un autre élément fondamental réside dans l’accès aux données nécessaires à l’évaluation complète de l’empreinte carbone de l’entreprise. Il est essentiel de déterminer où ces données sont disponibles et comment elles peuvent être collectées, consolidées et analysées. Cette étape est primordiale pour assurer la conformité avec les nouvelles exigences de transparence et de reporting, notamment celles prévues par la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD). Selon la CSRD, les entreprises devront rendre compte de leurs impacts environnementaux en fonction des normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards), qui imposent un niveau de détail et de rigueur dans le suivi des émissions de carbone. Ainsi, la mise en place d’un système de gestion des données environnementales robustes, capable de suivre et de vérifier les émissions à chaque étape du cycle de vie des produits et services, devient impérative (European Commission, 2022).

Réflexion sur les compétences internes et l'intégration de la RSE dans la stratégie globale

Une réflexion essentielle porte également sur le niveau de compétences internes concernant les enjeux RSE. L’évolution rapide des attentes réglementaires et sociétales nécessite des équipes possédant une expertise pointue en matière de durabilité, de gestion des risques climatiques et de reporting. Par conséquent, les entreprises doivent évaluer si leurs compétences internes sont suffisantes pour mener à bien cette transition. L’embauche ou la formation de profils spécialisés dans la RSE, ainsi que le renforcement de la collaboration avec des experts externes, peut être un levier stratégique important. De plus, il est essentiel de réfléchir à la place que la RSE occupe dans la stratégie globale de l’entreprise. La RSE ne doit pas être perçue comme un simple ajout ou une obligation réglementaire, mais comme un moteur de transformation, contribuant à la création de valeur à long terme (Sullivan et Mackenzie, 2020). Cette intégration stratégique permet d'aligner les objectifs environnementaux avec les ambitions économiques de l'entreprise, assurant ainsi une cohérence dans l’ensemble des décisions organisationnelles.

Réduction des émissions et investissements dans des projets carbone crédibles

Une fois ces questions fondamentales abordées, il convient de réfléchir à la stratégie la plus appropriée pour réduire les émissions à la source. Cela pourrait inclure l'adoption de technologies moins polluantes, l'amélioration de l'efficacité énergétique dans les processus industriels ou encore la transformation des chaînes d'approvisionnement pour les rendre plus durables. Les entreprises devront également se poser la question de la manière d’investir efficacement dans des projets carbone crédibles et certifiés. La certification des crédits carbone et leur traçabilité sont des éléments cruciaux pour éviter le greenwashing et garantir que les investissements réalisés génèrent une réduction réelle des émissions (ICROA, 2021).

Éviter le greenwashing et garantir la transparence

Enfin, face à la montée des attentes sociétales et réglementaires, les entreprises doivent veiller à éviter le greenwashing, c'est-à-dire la communication trompeuse sur leurs actions climatiques. La transparence et l'authenticité dans les actions climatiques sont essentielles pour maintenir la crédibilité de l’entreprise. Le respect des normes internationales de reporting et la mise en œuvre d’audits externes permettent de garantir la véracité des engagements et de rassurer les parties prenantes sur la véritable contribution de l’entreprise à la lutte contre le changement climatique.

Conclusion

L’année 2025 marque une étape décisive dans la lutte contre le changement climatique. Les entreprises qui sauront anticiper ces évolutions, s’adapter aux nouvelles réglementations et investir dans des solutions innovantes auront un rôle crucial à jouer dans la construction d’un avenir durable.

En conclusion, pour rester leader en RSE en 2025, les entreprises doivent poser les bonnes questions dès aujourd’hui, tant sur le plan stratégique que méthodologique, afin de se préparer aux défis climatiques et de conformité qui se profilent. L’intégration de la double matérialité, l’identification précise des émissions et des risques climatiques, ainsi que l’intégration des compétences RSE dans la stratégie globale seront des facteurs déterminants pour une transition durable et réussie.

N'hésitez pas à nous contacter pour mettre en place votre stratégie RSE.

Sources :