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Préparer et remplir le questionnaire CDP : guide étape par étape

Rédigé par ClimateSeed | 6 juin 2025 13:45:43

Comment préparer et remplir le Carbon Disclosure Project (CDP) ?

La transparence des données environnementales est devenue un enjeu clé pour les entreprises engagées dans une démarche RSE et ESG. Face aux exigences croissantes des parties prenantes, la capacité à mesurer, réduire et communiquer ses émissions de gaz à effet de serre devient un levier stratégique. Dans ce contexte, le Carbon Disclosure Project (CDP) s’impose comme une référence mondiale en matière de reporting environnemental. Pour les entreprises souhaitant valoriser leur engagement climatique, remplir le questionnaire CDP de façon rigoureuse est essentiel. Pour aller plus loin sur l'accompagnement CDP, découvrez notre offre.

Comprendre le questionnaire CDP et ses objectifs

Le Carbon Disclosure Project (CDP) est une initiative internationale à but non lucratif qui collecte et évalue les données environnementales des entreprises, des villes et des gouvernements. À travers son questionnaire annuel, il invite les organisations à rendre compte de leur impact sur le climat, les ressources naturelles et la biodiversité. L’objectif ? Encourager la transparence, structurer les stratégies environnementales et inciter à l’action face aux enjeux climatiques.

Le questionnaire CDP couvre plusieurs domaines environnementaux essentiels, en lien direct avec les attentes en matière de responsabilité sociétale (RSE) et de gouvernance ESG. Les entreprises sont invitées à fournir des informations précises et justifiées sur :

  • Leur empreinte carbone, via le suivi des émissions de gaz à effet de serre (Scopes 1, 2 et 3),
  • Leur gestion de l’eau, notamment les risques liés à la disponibilité, la qualité ou l’utilisation de cette ressource,
  • Leur impact sur les forêts, à travers l’évaluation des produits issus de chaînes d’approvisionnement à risque (huile de palme, soja, bois, bétail…).

Selon les enjeux auxquels une entreprise est exposée, le CDP propose trois questionnaires thématiques :

  • Climate Change (changement climatique) : le plus répandu, il couvre les émissions de GES, les stratégies de réduction, la gouvernance et les scénarios climatiques.
  • Water Security (sécurité hydrique) : destiné aux entreprises dont l’activité dépend fortement des ressources en eau.
  • Forest Management (gestion des forêts) : pour les entreprises impliquées dans des chaînes d’approvisionnement à fort impact forestier.

Ce questionnaire s’inscrit pleinement dans une stratégie ESG : il permet aux entreprises d’identifier leurs risques environnementaux, de piloter leur plan de transition, et de répondre aux attentes croissantes des investisseurs, clients et régulateurs en matière de transparence climatique. Répondre au CDP, c’est donc structurer une réponse cohérente et crédible aux défis de demain.

Qui est concerné par le Carbon Disclosure Project ?

Tous les types d’entreprises ne sont pas nécessairement invités à répondre au questionnaire CDP. Ce reporting s’adresse en priorité aux organisations dont les activités ont un impact environnemental significatif, ou dont les parties prenantes en particulier les investisseurs souhaitent une meilleure transparence.

Les principales organisations ciblées par le CDP sont :

  • Les entreprises cotées en bourse, soumises à des attentes accrues en matière de reporting extra-financier,
  • Les grandes entreprises multinationales, notamment celles disposant de chaînes d’approvisionnement complexes,
  • Les fournisseurs référencés par ces grandes entreprises, dans le cadre du programme CDP Supply Chain, qui permet aux donneurs d’ordre de demander à leurs partenaires commerciaux de reporter leurs données environnementales.

Certains secteurs sont particulièrement concernés par le questionnaire, en raison de leur empreinte écologique directe ou indirecte. C’est le cas notamment des industries :

  • Énergétique (production, distribution, extraction),
  • Manufacturière (textile, électronique, automobile…),
  • Agroalimentaire (production agricole, transformation, grande distribution),
  • Financière, de plus en plus impliquée dans la gestion des risques climatiques liés aux portefeuilles d’investissement.

Mais alors, comment une entreprise sait-elle qu’elle doit répondre au CDP ? Ce sont souvent les investisseurs, les clients majeurs ou d’autres parties prenantes qui déclenchent le processus, en soumettant une demande officielle de divulgation via le CDP. Cette demande apparaît dans le système sous forme de "request list", envoyée à l’entreprise ciblée.

En répondant, les organisations montrent leur engagement environnemental et renforcent leur crédibilité auprès des acteurs du marché. À l’inverse, ignorer ces demandes peut affecter négativement la perception des parties prenantes et influencer les décisions d’investissement ou de partenariat.

Les étapes clés pour préparer efficacement le questionnaire CDP

Remplir le questionnaire CDP ne se limite pas à une simple compilation de données. Il s’agit d’un exercice stratégique qui nécessite anticipation, coordination interne et rigueur méthodologique. Pour optimiser vos chances de succès, voici les principales étapes à suivre.

1. Organiser une phase préparatoire structurée

La réussite de la réponse au questionnaire CDP repose sur une préparation structurée. Il est essentiel de constituer une équipe projet dédiée, pilotée par un responsable identifié, et intégrant les départements RSE, finance, achats, environnement, voire communication selon la taille de l’entreprise. Cette gouvernance transversale facilite la circulation de l'information et assure la cohérence globale des réponses.

La première mission de cette équipe est d’identifier les données à collecter en lien avec les exigences du questionnaire : consommation énergétique, émissions GES (Scopes 1, 2 et 3), gouvernance climatique, gestion des risques, stratégie bas-carbone… Le CDP regroupe désormais les thématiques climat, forêts et eau dans un questionnaire unifié en 13 modules, auquel s’ajoutent des volets non notés sur la biodiversité et les plastiques.

Un rétroplanning doit ensuite être mis en place, en intégrant les temps de collecte, de validation, de rédaction et de revue. À noter : le portail CDP ouvre généralement en juin et la date limite de soumission est en octobre. Une anticipation suffisante limite les allers-retours de dernière minute et garantit un reporting de qualité.

2. Collecter et consolider les données environnementales

Une fois les exigences du questionnaire identifiées, il convient de centraliser les données issues des différents services : bilan carbone, consommation énergétique, politiques RSE, données d’approvisionnement, etc. Une collecte efficace suppose une répartition claire des responsabilités, et un partage fluide entre les équipes concernées.

Le CDP recommande d’appliquer les principes du GHG Protocol pour structurer cette collecte :

  • Pertinence : collecter les données utiles à la prise de décision,
  • Exhaustivité : couvrir l’ensemble des périmètres et sources d’impact,
  • Cohérence : appliquer des méthodologies uniformes,
  • Transparence : justifier les méthodes, hypothèses et limites,
  • Exactitude : garantir la précision des chiffres et éviter les incohérences.

Le recours à des outils dédiés (logiciels de reporting ESG, plateformes de pilotage, audits externes) peut renforcer la qualité des données, en facilitant la consolidation et la vérification.

3. Rédiger les réponses avec clarté et stratégie

Répondre au CDP ne se limite pas à remplir un formulaire : il s’agit de démontrer une stratégie environnementale structurée et crédible, appuyée sur des actions concrètes. Chaque réponse doit être rédigée avec soin, dans un langage clair, tout en valorisant les efforts réels de l’entreprise.

Quelques bonnes pratiques :

  • Justifiez vos actions : illustrez chaque réponse avec des exemples concrets, des résultats chiffrés ou des cas d’usage internes,
  • Structurez vos réponses de manière logique : contexte, action, résultat,
  • Vérifiez la cohérence globale : entre les modules, les chiffres et les discours,
  • Évitez les oublis : tout champ vide est considéré comme une absence de réponse, donc pénalisant.

Enfin, certaines sections du questionnaire sont sectorielles : il est important d’adapter les réponses aux spécificités de votre domaine (énergie, agroalimentaire, finance, etc.), pour refléter au mieux vos enjeux opérationnels.

Phase préparatoire interne

La phase préparatoire joue un rôle déterminant dans la réussite du reporting CDP. Au-delà de l’organisation du projet, elle doit permettre de créer une culture de la donnée environnementale au sein de l’entreprise.

Cela commence par la sensibilisation des parties prenantes internes. Il ne s’agit pas seulement de collecter des chiffres, mais d’impliquer les équipes concernées dans la compréhension des enjeux : pourquoi ces données sont-elles demandées ? Comment seront-elles exploitées ? Cette approche favorise une mobilisation durable et facilite les échanges interservices. Il est également recommandé de cartographier les sources de données et d’identifier les éventuelles zones de blocage dès le début (absence de métriques suivies, données non consolidées, outils insuffisants…). Un pré-diagnostic peut s’avérer utile pour mesurer le niveau de maturité actuel, et prioriser les actions à mettre en place avant l’ouverture du portail CDP.

Enfin, la préparation interne doit intégrer une dynamique de revue continue : validation intermédiaire des données, vérification croisée avec les documents financiers ou extra-financiers, et tests de complétion partielle dans le portail CDP. Cela permet d’anticiper les erreurs, de gagner en fluidité au moment de la soumission finale, et surtout d’améliorer la qualité globale des réponses.

Collecte et consolidation des données environnementales

Une fois l’équipe projet en place et les besoins identifiés, la prochaine étape clé consiste à collecter, consolider et fiabiliser les données environnementales nécessaires à la réponse au questionnaire CDP.

Cela implique d’abord de définir les méthodologies de collecte. Le recours à des référentiels reconnus, comme le GHG Protocol pour les émissions de gaz à effet de serre, est fortement recommandé. Ces méthodes garantissent une traçabilité des calculs et une comparabilité d’année en année. Côté outils, de nombreuses entreprises s’appuient sur :

  • Des plateformes ESG ou logiciels de reporting dédiés,
  • Des tableaux de bord internes (souvent en lien avec la comptabilité énergétique),
  • Ou encore des prestataires spécialisés pour les bilans carbone ou la cartographie des risques climatiques.

Cependant, la qualité et la disponibilité des données peuvent poser des difficultés. Certaines données sont dispersées entre différents services, d’autres ne sont pas encore suivies de manière systématique (notamment les émissions du Scope 3), ou encore reposent sur des estimations peu fiables. Ces lacunes doivent être identifiées et documentées. Le CDP recommande d’ailleurs de justifier toute approximation ou donnée manquante dans les champs dédiés.

Pour garantir la fiabilité et la précision des informations, plusieurs bonnes pratiques peuvent être mises en œuvre :

  • Formaliser les méthodes de calcul et les périmètres couverts,
  • Impliquer les responsables de données métier dans les vérifications,
  • Automatiser autant que possible la collecte pour limiter les erreurs humaines,
  • Documenter toute hypothèse ou choix méthodologique, afin d’assurer la cohérence d’une année sur l’autre.

Une donnée de qualité n’est pas seulement un chiffre juste : c’est une information contextualisée, traçable et alignée avec les exigences du questionnaire. Ce niveau d’exigence est indispensable pour obtenir une bonne notation et renforcer la crédibilité de la démarche.

Répondre au questionnaire CDP : bonnes pratiques et écueils à éviter

Le remplissage du questionnaire CDP est une étape stratégique. Il ne s’agit pas d’un simple exercice déclaratif, mais d’un outil de démonstration de maturité environnementale. La qualité des réponses influe directement sur la notation, la crédibilité de l’entreprise, et sa capacité à convaincre ses parties prenantes.

  1. Une structure modulaire et technique :

    Le questionnaire CDP 2024 est structuré autour de 13 modules, dont certains sont intégrés (gouvernance, stratégie, gestion des risques, consolidation des données) et d’autres spécifiques à un enjeu environnemental (climat, forêts, eau, biodiversité, plastiques). Certaines entreprises ont également des modules sectoriels selon leur domaine d’activité (finance, agroalimentaire, énergie…).

    Chaque module comprend plusieurs types de questions : à choix multiples, quantitatives, et surtout qualitatives, où l’entreprise doit expliquer ses démarches, plans d’action, indicateurs de performance ou analyses de risques. Ces réponses sont souvent évaluées selon des critères de complétude, clarté, cohérence et ambition.

  2. Des réponses qualitatives avant tout :

    Pour maximiser son score et la valeur ajoutée de sa démarche, une entreprise doit :

    • Justifier ses choix avec rigueur, en expliquant la logique derrière chaque action : pourquoi tel objectif, comment il a été défini, quels moyens sont mis en œuvre, quels résultats ont été obtenus ;

    • Illustrer par des exemples concrets, des projets menés, des indicateurs suivis, des résultats mesurés (ex. : réduction des émissions, engagement fournisseurs, investissements verts…) ;

    • Contextualiser les informations en fonction de l’activité, du secteur ou de la géographie d’implantation.

    Le CDP valorise les réponses personnalisées, structurées et ancrées dans la réalité de l’entreprise, plutôt que les déclarations génériques.

  3. Les écueils fréquents à éviter : 

    Certaines erreurs sont régulièrement observées, et peuvent impacter négativement la note :

    • Incohérences entre modules, notamment entre les données chiffrées et les narratifs (ex. : objectifs ambitieux sans plan d’action clair) ;

    • Champs laissés vides ou réponses partielles, souvent considérés comme des non-réponses ;

    • Données non sourcées ou imprécises, sans explication de méthodologie ou de périmètre ;

    • Réponses trop techniques ou jargonneuses, peu lisibles pour un évaluateur externe.

Enfin, il est crucial de relire l’ensemble du questionnaire avant soumission, pour s’assurer de la cohérence globale du message et de la logique des informations fournies.

Valoriser les résultats issus du reporting CDP

Une fois le questionnaire soumis, le CDP attribue à chaque entreprise une notation allant de A à D-, évaluant la qualité, la transparence et l’ambition de sa démarche environnementale. Cette note ne constitue pas une simple évaluation formelle : elle est un signal fort envoyé aux investisseurs, partenaires, clients et régulateurs.

Comprendre et interpréter la notation CDP :

Le score CDP est structuré autour de quatre niveaux de maturité :

  • D/D- : début de la transparence ( l’entreprise commence à divulguer ses impacts environnementaux ) 
  • C/C- : ( gestion les impacts sont mieux compris, des processus de gestion sont en place) 
  • B/B- : action ( l’entreprise démontre des mesures concrètes pour atténuer ses impacts )
  • A/A- : leadership ( la stratégie environnementale est intégrée, ambitieuse, documentée et alignée avec les meilleures pratiques internationales) 

Chaque module et sous-thématique du questionnaire est noté individuellement, puis agrégé selon un barème standardisé. Le scoring est mis à jour chaque année et permet à l’entreprise de se situer par rapport à ses pairs, d’identifier ses points forts et ses axes de progression.

Mobiliser le score CDP comme levier stratégique :

Un bon score CDP peut devenir un atout stratégique majeur dans une démarche RSE :

  • Il renforce la crédibilité de l’entreprise auprès des parties prenantes, en particulier les investisseurs soucieux de critères ESG,
  • Il alimente les rapports extra-financiers, les documents de référence ou les communications corporate,
  • Il sert de point d’ancrage pour piloter les plans de transition climatique et fixer des objectifs ambitieux et mesurables.

Certaines entreprises intègrent même leur score CDP dans leur politique de rémunération variable, ou comme critère d’évaluation fournisseurs dans leur chaîne d’approvisionnement.

Les bénéfices d’un reporting transparent :

Répondre au CDP, même sans viser la meilleure note dès la première année, permet à l’entreprise de :

  • Structurer sa gouvernance environnementale et prendre conscience de ses leviers d’action,
  • Gagner en visibilité auprès des investisseurs et analystes ESG,
  • Améliorer sa réputation auprès du grand public, des médias ou des clients institutionnels,
  • Se différencier sur son marché grâce à une stratégie climat crédible et prouvée,
  • Renforcer la confiance de son écosystème, notamment en période d’incertitude réglementaire ou de transition.

Le reporting CDP ne se résume pas à une note. C’est un outil d’aide à la décision stratégique, un cadre de pilotage interne et un levier d’engagement externe. Pour les entreprises réellement engagées, c’est aussi une opportunité de démontrer leur leadership en matière de durabilité.

Chez ClimateSeed, nous accompagnons les entreprises à chaque étape de leur démarche CDP de l’analyse d’écart à la soumission finale. Si vous souhaitez optimiser votre score ou simplement mieux structurer votre reporting, n’hésitez pas à nous contacter : nos experts sont là pour vous guider.

Conclusion :

Trop souvent perçu comme une contrainte administrative, le questionnaire CDP est en réalité bien plus qu’un simple exercice de conformité. Il constitue une opportunité stratégique majeure pour les entreprises qui souhaitent structurer leur démarche environnementale, se positionner comme acteur responsable et répondre aux attentes croissantes de leurs parties prenantes. En s’appuyant sur un cadre exigeant, reconnu à l’échelle internationale, le CDP permet d’évaluer avec précision ses impacts, de prioriser les actions à mener et de valoriser ses engagements. Mieux encore, il alimente une dynamique d’amélioration continue, en favorisant l’alignement entre ambition climat, gouvernance interne et transparence vis-à-vis du marché. Préparer et remplir ce questionnaire, c’est donc faire un pas concret vers une performance durable, une performance qui ne se mesure plus uniquement en chiffres, mais aussi en résilience, en crédibilité et en capacité d’influence