Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) recommande une réduction de 43 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici 2030 pour limiter les conséquences les plus graves du changement climatique. En réponse, les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont adopté une stratégie climatique ambitieuse.
Paris 2024 a fixé un budget carbone et estimé son empreinte carbone en amont de l'événement. Le calcul final des émissions est attendu après les Jeux. Cette approche s'inscrit dans la lignée des recommandations du rapport OCDE 2023 intitulé « Comment mesurer l'impact des événements culturels, sportifs et commerciaux » qui appelle à l'adoption d'une stratégie d'évaluation des événements pour définir dès l'amont les impacts attendus, avec des objectifs clairs et mesurables.
Paris 2024 a rejoint l'initiative des Nations Unies « Le sport pour l'action climatique » et vise à établir une nouvelle norme de durabilité pour les méga-événements sportifs, avec l’objectif de réduire les émissions de CO₂ de 50 % par rapport aux éditions précédentes. Cependant, il est difficile de comparer les émissions de Paris avec celles des Jeux olympiques précédents en raison de méthodologies de calcul différentes.
Source : Comité International Olympique (2024).
Malgré cet objectif ambitieux, les Jeux olympiques de Paris 2024 généreront 1,58 million de tonnes d'équivalent CO₂, comparable aux émissions annuelles de plus de 170 000 foyers français (Carbon Market Watch 2024). En raison d'émissions importantes, les mesures de réduction adoptées pourraient ne pas être suffisantes pour aligner les Jeux olympiques sur l'objectif climatique de 1,5 degré Celsius recommandé par le GIEC.
L'événement, qui implique plus de 14 000 athlètes de 388 délégations, 13 millions de spectateurs et 45 000 bénévoles, se concentre sur les principes de l'économie circulaire et sur l'utilisation de 95 % de sites existants ou temporaires pour minimiser l'impact environnemental et sur la réduction des distances entre les sites olympiques pour minimiser les transports.
Quelques indicateurs sur les JO de Paris :
• 4 350 athlètes paralympiques
• 10 500 athlètes olympiques
• 182 délégations paralympiques
• 206 délégations olympiques
• 13 millions de billets vendus
• 39 sites de compétition olympique
• 18 sites de compétition paralympique
• 40 000 repas servis chaque jour
• 45 000 bénévoles
• 2 600 médias et personnels accrédités
Source : Rapport - Stratégie d'héritage et de durabilité" de Paris 2024
Source: Paris 2024, Activity Report 2022
Source: Paris 2024, Activity Report 2022
Source: Paris 2024, Stratégique climatique (mars 2021)
La stratégie Paris 2024 prévoit l'utilisation de 95 % de sites existants ou temporaires (70 % de sites de compétition existants et 25 % de sites temporaires) pour éviter de nouvelles constructions. Les organisateurs se sont engagés à réutiliser, reconvertir ou recycler les matériaux et structures utilisés pour ces sites. Pour la construction de nouveaux sites, des matériaux d'origine biologique seront utilisés, dont le bois, réduisant ainsi l'utilisation de matériaux vierges grâce à la réutilisation ou au recyclage des matériaux existants.
Seuls deux nouveaux bâtiments sont prévus. Le Village des Athlètes, pour 14 000 personnes, utilise des matériaux à faibles émissions et des technologies innovantes, réduisant les émissions de CO2 de 30%.
Le Centre Aquatique intègre des panneaux solaires et des systèmes de récupération de chaleur. Les structures temporaires seront réutilisées ou recyclées, réduisant ainsi les éléments mobiliers de 25%. Après les Jeux olympiques, les espaces seront transformés en logements pour 6 000 résidents et en bureaux pour 6 000 travailleurs.
Paris 2024 a exigé que les partenaires commerciaux et les fournisseurs adhèrent à des critères de durabilité, en suivant des directives visant à minimiser l'utilisation des ressources avant, pendant et après les Jeux. Cela a permis de réduire les éléments mobiliers de 25%, passant de 800 000 à environ 600 000. Les trois quarts des équipements sportifs et plus de 75 % de l'électronique seront loués. Par ailleurs, 90 % des six millions d'actifs seront réutilisés par les partenaires, avec des projets de seconde vie pour les 10 % restants. Ces actions sont soutenues par l'utilisation d'énergies durables telles que les biocarburants, l'hydrogène et les batteries au lieu de générateurs diesel.
Les modes de transport restent les plus difficiles à réduire, représentant 40 % des émissions totales. 80 % des sites se trouvent à moins de 10 km du village olympique, ce qui réduit les déplacements. Paris 2024 vise à encourager les transports en commun, le vélo ou la marche, et a également prévu une flotte de véhicules à faibles émissions, réduites de 40 % par rapport aux éditions précédentes. Plus de 50 km de nouvelles pistes cyclables ont été créés et les services de transports publics ont été améliorés de 15 %.
Le trafic aérien reste un problème conséquent, représentant 40 % des émissions totales, dont 30 % sont imputables aux seuls spectateurs. Les 13 millions de visiteurs attendus, dont 1,9 million d’étrangers et au moins 850 000 sur des vols long-courriers, génèrent d'importantes émissions de CO₂. Malgré les efforts des organisateurs pour réduire l'impact, le transport aérien n'a pas été réglementé de manière significative. Ce défi nécessitera de repenser la logistique pour les prochaines éditions, en privilégiant les moyens de transport à faibles émissions comme le train.
Si d'un point de vue environnemental il est encore prématuré d'évaluer l'impact réel des initiatives entreprises et leur alignement avec les objectifs de l'Accord de Paris, ces JO représentent une avancée sociale importante. Grâce à un fonds de dotation, plus de 75 projets ont été soutenus pour lutter contre la sédentarité et améliorer l'accès au sport. Par ailleurs, plus de 160 projets utilisant le sport pour promouvoir l’inclusion, l’égalité et la solidarité ont été soutenus. Les organisateurs ont également investi 1 million d'euros pour réduire les inégalités d'accès au sport et aux soins de santé dans les quartiers défavorisés de la région parisienne. La démarche d'évaluation de Paris 2024 s'aligne sur les recommandations internationales pour évaluer l'impact social du sport. Cela reflète les 15 recommandations de l'Agenda 2020+5 du CIO, les 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies et les lignes directrices de l'OCDE à l'intention des organisateurs d'événements culturels, sportifs et commerciaux mondiaux.
Source: Paris 2024
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Sources:
International Olympic Committee. (2024). Carbon Neutral Games: How Paris 2024 is Setting New Standards for Sustainability.
Paris 2024. (2024). Assessing the Social Impact of Paris 2024.
Paris 2024. (2022). Presentation of the Assessment Strategy of Paris 2024.
Paris 2024. (2023). Paris 2024 Activity Report 2022.
Carbon Market Watch. (2024). Going for Green: A Closer Look at the Environmental Impact of the Olympic Games.