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Contribution carbone volontaire : enjeux, fonctionnement et prix

Rédigé par ClimateSeed | 18 août 2025 14:33:07

 

La France s’est fixée pour objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% entre 1990 et 2030 dans le but d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour se faire, un outil significatif dans la stratégie de lutte contre le réchauffement climatique a émergé : la contribution carbone volontaire. 
À travers cet article nous allons voir ensemble les origines de la contribution carbone volontaire ainsi que son fonctionnement.

Comprendre la contribution carbone volontaire

La contribution carbone volontaire se définit par l’action d’un financeur (entreprises, collectivités, particuliers, etc) dans le soutien de projets d'évitement ou de séquestration d’émissions de gaz à effet de serre (exprimés en CO2 équivalent) en dehors de sa chaîne de valeur. 

Cette action vient  contribuer à l'objectif de zéro émission nette (ou neutralité carbone) établi par l’Accord de Paris, entré en vigueur en 2016, dans le but de limiter le réchauffement climatique à +1,5° par rapport à l’ère préindustrielle. Pour rappel, la neutralité carbone s’obtient lorsqu’il y a un équilibre entre les émissions mondiales et les absorptions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Cet équilibre est en effet essentiel car la concentration de ces gaz dans l’atmosphère, au-delà des limites planétaires, est directement liée à l’augmentation rapide des températures.  

La contribution carbone volontaire ne doit pas être confondue avec la compensation carbone réglementaire. Comme leurs noms l’indiquent, la première s’entreprend de manière volontaire tandis que la seconde est réglementée. Pour ce faire, deux marchés coexistent : le Marché Volontaire du Carbone et le Marché Réglementé du Carbone:

  • Le Marché Réglementé du Carbone, créé à la suite du Protocole de Kyoto en 1997, impose une limite à la quantité de CO2 équivalent pouvant être émise par les entreprises les plus polluantes des pays signataires. Ces quantités sont appelées des “quotas carbone”. 

Les entreprises concernées sont ensuite libres d’acheter ou de vendre ces quotas incitant ainsi les plus gros pollueurs à diminuer leurs émissions. De fortes amendes sont prononcées à l’encontre de celles qui dépassent les seuils annuels de pollution.

  • Le Marché Volontaire du Carbone s’est développé en parallèle du Marché Réglementé. Il permet aux acteurs dont les activités émettent des émissions de gaz à effet de serre de contribuer à des projets d’évitement et/ou de séquestration en achetant des crédits carbone de manière volontaire. Ces acquisitions ne résultent donc pas d’obligations réglementaires, mais traduisent davantage un engagement en faveur de l’écologie.

Pour approfondir ce sujet nous vous invitons à lire notre article : Quelles sont les différences entre le Marché Volontaire du Carbone et le Marché Réglementé du Carbone ?

La contribution volontaire du carbone inclut différents acteurs qui interagissent au sein du Marché Volontaire du Carbone.

  • D’une part, les porteurs de projets (entreprises, organisations ou individus) conçoivent, développent et mettent en œuvre des projets d'évitement et/ou de séquestration d’émissions de gaz à effet de serre dans le but de générer des crédits carbones certifiés sur le marché volontaire. 
  • D’autre part, les financeurs apportent des ressources financières à ces projets soit en investissant en amont pour soutenir la création d’un projet ou en achetant des crédits carbones afin de contribuer à la neutralité carbone. 
  • Les porteurs de projets et financeurs ont la possibilité de passer par des intermédiaires, tels que ClimateSeed, qui proposent un portefeuille de projets et assurent leur qualité et la crédibilité ainsi que celles des crédits carbone proposés.

La contribution volontaire du carbone est une démarche en trois étapes:

Calculer ses émissions de CO2

Avant d'entamer une démarche de contribution carbone volontaire, il est nécessaire de calculer ses propres émissions de CO2. En effet, selon l’ADEME “la priorité pour une organisation reste avant tout la réduction drastique de ses propres émissions directes et indirectes, qu’elles soient d’origine fossile ou issues de matière vivante, avant de pouvoir augmenter les puits permettant la séquestration du carbone.” Les réglementations étant évolutives et exigeantes (CSRD, CDP, Taxonomie Européenne, etc) la mise en conformité est devenue un enjeu stratégique majeur pour les organisations, nécessitant anticipation, rigueur et adaptation continue.

Pour approfondir ce sujet nous vous invitons à lire notre article : Évolutions du CDP : actualités et tendances clés

L’élaboration d’un bilan carbone débute par la définition du périmètre organisationnel d’une structure et de son périmètre opérationnel constitué de l’ensemble des émissions de GES liées à ses opérations sur une année complète d’activité. Ces opérations se divisent en 3 catégories appelées scopes:

  • Scope 1 : Les émissions de GES directement émises par les activités de l’entreprise;
  • Scope 2 : Les émissions de GES indirectes associées à la consommation d’énergie (électricité, vapeur, chaleur);
  • Scope 3 : Les émissions de GES indirectes qui ne sont pas directement contrôlées par l’entreprise. Elles correspondent le plus souvent aux activités en amont et en aval de la chaîne de valeur.

Plusieurs méthodes et outils sont disponibles pour calculer précisément son empreinte carbone. Parmi eux, le Bilan GES proposé par l’ADEME et obligatoire pour certaines entreprises, collectivités et établissements publics français, est une méthode reconnue qui s’appuie sur la base carbone® pour convertir des données d’activité en émissions de GES exprimées en kg ou tonnes de CO2 équivalent. 

Au niveau international, le GHG Protocol, élaboré par le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) et le World Resources Institute (WRI), propose également un cadre pour mesurer, comptabiliser et gérer ses émissions de gaz à effet de serre.

De surcroît, plusieurs logiciels de comptabilité carbone proposent des fonctionnalités avancées : collecte de données, identification des postes émissifs, suivi dans le temps. Chez ClimateSeed, nous accompagnons nos clients à agir au sein de leur chaîne de valeur grâce à la mesure et la réduction de leur empreinte carbone. 

En définitive, calculer ses émissions de CO2e permet d’identifier ses émissions résiduelles, et ainsi d’estimer le volume de crédits carbone à acquérir pour les compenser. 

Sélectionner un projet de compensation

Les projets de contribution carbone sont regroupés dans deux grandes catégories: 

  • Les projets de séquestration consistent à capturer et éliminer le carbone déjà présent dans l’atmosphère. Celà inclut des solutions fondées sur la nature comme le reboisement, l'afforestation, la revégétalisation, l’agroforesterie et d’autres approches plus technologiques. 
  • Les projets d’évitement consistent à prévenir la libération de futures émissions de carbone dans l’atmosphère. Celà comprend les énergies renouvelables, la conservation des forêts ou encore la distribution de dispositifs domestiques plus efficaces (des cuisinières améliorées par exemple).  

Ces projets génèrent des crédits carbone calculés de la manière suivante : 1 crédit carbone correspond à 1 tonne de CO2 équivalent. Les typologies de projets sont variées, chacune présentant ses spécificités et avantages. 

Il convient de noter que chaque type de projet est tout aussi important et occupe une place essentielle dans le panel des solutions climatiques. Chez ClimateSeed, nous ne privilégions pas une approche par rapport à l’autre, les considérant toutes deux comme aussi importantes et complémentaires. 

Pour s’assurer de la qualité et de l’intégrité des crédits carbones générés par des projets de contribution volontaire, les cinq critères suivant doivent être respectés:

  • Additionnalité : L'évitement ou la séquestration des GES n’auraient pas eu lieu sans les financements générés par la vente de crédits carbone.
  • Mesurabilité : Des méthodologies reconnues et reposant sur les dernières études scientifiques doivent être utilisées pour mesurer et suivre les émissions de GES absorbées ou séquestrées.
  • Permanence : L’impact positif des projets doit être permanent et durer dans le temps. Les incertitudes liées à cette permanence, comme les risques d’incendies, doivent être prises en compte.
  • Unicité : Il est essentiel d’éviter tout double comptage. Chaque crédit carbone ne peut être utilisé et comptabilisé qu’une seule fois.
  • Transparence et vérifiabilité : Les projets volontaires de carbone doivent fournir des informations transparentes, accessibles au public, et soumises à une vérification par des tiers indépendants.

En complément, des standards reconnus au niveau national ou international se sont développés, certifiant la qualité des projets de contribution volontaire et se portant garant de la plus-value environnementale de ces derniers. Les deux principaux standards internationaux sont les suivants:

  • Gold Standard : Créé par la WWF, ce label met un accent particulier sur les co-bénéfices en matière de développement durable, en s'assurant que les projets contribuent non seulement à la réduction des émissions, mais aussi au bien-être des communautés locales et aux Objectifs de Développement Durable (ODD).
  • Verra’s Verified Carbon Standard (VCS) : Standard le plus utilisé au monde, reconnu pour sa rigueur dans la validation et la vérification des projets d'évitement ou de séquestration des émissions, et couvrant un large éventail de secteurs tels que la foresterie, les énergies renouvelables et l'agriculture.

De nombreux autres standards ont vu le jour sur le marché volontaire du carbone, chacun répondant à des besoins spécifiques en matière de types de projets, de rigueur méthodologique ou de co-bénéfices sociaux et environnementaux, ce qui reflète la diversité et l’évolution constante de ce marché en pleine expansion. Nous pouvons notamment  évoquer :

  • Plan Vivo : Établi en 1994, ce standard est l’un des plus anciens sur le marché et certifie principalement des projets d’agroforesterie, de reforestation, de gestion durable des terres et de conservation des écosystèmes, ce standard se distingue par son accent centré sur les communautés locales.
  • Label Bas Carbone : Lancé en France en 2019 par le Ministère de la Transition Écologique, il encourage particulièrement des projets dans les secteurs de l’agriculture, de la foresterie et de la conservation des terres. Comme d’autres labels nationaux, ce dernier se caractérise par une qualité généralement supérieure et un impact localisé.

Pour approfondir ce sujet nous vous invitons à lire notre article : Le rôle des standards dans le Marché Volontaire du Carbone

Le choix de projets de contribution carbone se déterminer donc en fonction de la typologie de projet recherchée, du type de crédits carbone générés, des standards attribués, de la qualité des crédits carbone, mais aussi de la zone géographique ou encore des co-bénéfices du projet qui peuvent être économiques, sociaux et/ou environnementaux.

Acquérir ses crédits carbone

Le volume de crédits à acheter se détermine selon deux approches : la somme que l’on souhaite investir dans sa stratégie climat ou la quantité d’émissions résiduelles qui déterminera donc le nombre de crédits carbone à acheter. 

Maintenant, la question suivante se pose : comment peut-on acheter des crédits carbone ?

L’achat de crédits carbone peut se faire par différents canaux en fonction du type d’acheteur, de son niveau d’engagement et du projet souhaité. Un développeur de projet peut soit vendre ses crédits carbone en direct, soit passer par des intermédiaires, tels que ClimateSeed, qui mettent à disposition des portefeuilles de projets certifiés, aux impacts mesurables.

Une fois les projets auxquels l’on souhaite contribuer sélectionnés, il existe plusieurs modalités de financement:

  • L’achat comptant (spot) consiste à acheter un certain nombre de crédits en une seule fois 
  • L’engagement pluriannuelle consiste à s’engager sur plusieurs années à financer un volume défini (ou progressif) de crédits carbone, souvent dans le cadre d’un engagement annuel ou d’un contrat de partenariat.
  • Plutôt que d’acheter des crédits déjà générés, certains acteurs choisissent de financer directement un projet carbone dès sa phase de conception ou de mise en œuvre en échange de crédits carbone qui seront générés dans le futur. On parle alors de co-financement.

Pour finir, après que l’achat soit effectué, l’acheteur reçoit un certificat de retrait de crédit attestant l’achat et sur lequel les informations suivantes sont incluses:

  • La date du retrait
  • Le projet soutenu (nom et lieu)
  • La quantité de crédits carbone retirés (en tCO2e)
  • L’objectif du retrait
  • L’entité utilisatrice
  • Le numéro de série des crédits retirés
  • Le label de certification (VCS, Gold Standard, Plan Vivo, etc.)

Prix et facteurs d’influence

Le prix d’un crédit carbone n’est pas fixe et varie selon plusieurs facteurs internes et externes aux projets:

  • L’offre et la demande
  • La nature du projet
  • La taille du projet
  • La localisation géographique
  • Le type de certification
  • Le coût du financement initial pour mettre en place le projet
  • Les co-bénéfices associés
  • Les acteurs impliqués
  • Les coûts d’intermédiation

Les prix peuvent varier de 2€ à plus d’une centaine d’euros (le mettre au dessus). Le Label Bas Carbone affiche quant à lui un prix moyen nettement plus élevé entre 30€ et 50€ par tonne de CO2 équivalent.

Marché et acteurs clés

Les chiffres communiqués par Ecosystem Marketplace dans leur rapport de 2025 nous indiquent que la taille mondiale du Marché Volontaire du Carbone a été évaluée à 535,1 millions de dollars en 2024. Malgré une diminution de la valeur du marché de 29% par rapport à 2020, les estimations parlent d’un rebond de 25% entre 2025 et 2034. Celà souligne l’engagement croissant des entreprises, des collectivités et des particuliers en faveur du développement durable et de l’objectif de neutralité carbone.

Les crédits issues de projets de gestion forestière et d’usage des sols ainsi que de projets liés aux dispositifs pour les foyers et les communautés sont les plus populaires. Cependant, on observe une perte d'engouement pour les crédits issus de projets d’énergies renouvelables et de projets REDD+ liée à la méfiance concernant leur qualité. 

Le marché est animé par une diversité d’acteurs garantissant crédibilité, fiabilité et traçabilité. 

D’une part, les acteurs publics, comme l’ADEME en France ou la Commission européenne, jouent un rôle de cadrage et de soutien méthodologique. L’ADEME a notamment lancé et encadré le Label Bas-Carbone, qui certifie des projets de compensation nationaux et garantit leur intégrité environnementale. 

D’autre part, les acteurs privés jouent des rôles divers comme les ONG environnementales (Gold Standard ou VCS) qui développent des standards rigoureux de certification, les fonds carbone qui financent ou agrègent des projets, et de nombreuses entreprises qui participent activement au marché via l’achat crédits ou le financement direct de projets.

Les registres tels que ceux de Verra ou Gold Standard assurent la traçabilité et la transparence des crédits. Chaque crédit y est enregistré avec un numéro unique, permettant de suivre son cycle de vie (émission, vente, retrait).

Enjeux, bénéfices et limites

Comme évoqué au début de cet article, acheter des crédits carbone de manière volontaire permet de participer activement à la lutte contre le réchauffement climatique en soutenant des projets de séquestration ou d’évitement d’émissions de gaz à effet de serre.  Ces actions peuvent également générer des co-bénéfices environnementaux en fonction des typologies de projets comme la préservation de la biodiversité, la lutte contre la déforestation, la préservation des océans ou encore la lutte contre l’érosion des sols.

Au-delà de l’aspect environnemental, les retombées économiques et sociales pour les communautés locales sont cruciales. En effet, de nombreux projets participent à l’amélioration des conditions de vie dans des régions moins développées, isolées avec peu de moyens, grâce à l’installation de cuisinières améliorées ou de filtres à eau dans les foyers, la création d’emplois ou encore la préservation de cultures et de territoires. Si la contribution carbone volontaire présente de multiples atouts, elle soulève aussi des limites et des enjeux qu’il est essentiel d’identifier. Ces dernières années, diverses controverses, concernant notamment la valeur réelle de certains crédits ou l’efficacité de certains projets, ont fait l’objet de scandales médiatiques soulignant non seulement la nécessité de renforcer la fiabilité et la crédibilité du marché avec un contrôle rigoureux des crédits carbone proposés à la vente, mais aussi d’éduquer le public et de sensibiliser les acteurs aux enjeux réels de la contribution carbone.

C’est pourquoi, il est capital de travailler avec des acteurs tels que ClimateSeed, qui assurent la qualité, la crédibilité et la robustesse des projets et crédits carbone proposés permettant ainsi une minimisation des risques et une maximisation de l’impact positif.

Bonnes pratiques et recommandations

Pour conclure, il est important de noter que les crédits carbone sont un outil complémentaire mais que la priorité reste avant tout de réduire ses propres émissions de gaz à effet de serre liées à sa chaîne de valeur.  Réaliser et publier un bilan carbone constitue donc une première étape essentielle pour mesurer ses émissions et initier une stratégie environnementale globale.

Dans un second temps, il convient de vérifier la transparence et la traçabilité des projets de contribution carbone. Pour celà, il est préférable de porter son choix sur des projets labellisés garantissant davantage de fiabilité et le respect des critères de la contribution carbone ainsi que de travailler avec des intermédiaires fiables. 

Nous vous recommandons également de privilégier les projets ayant une approche développement durable, c'est-à-dire des projets qui génèrent divers co-bénéfices ne se limitant pas au climat et à la réduction d’émissions. De la même manière, soutenir conjointement des projets locaux et des projets internationaux, est fondamental pour l'accompagnement des pays les plus pauvres en matière de lutte contre le changement climatique.

Enfin, la communication sur son engagement de manière transparente et appropriée, en évitant toute sorte de greenwashing, est une étape clé pour renforcer la crédibilité et l’impact de ses actions.